La CPI craint un effet domino sur le continent africain, où les dirigeants de nombreux pays appellent à un retrait collectif de cette institution judiciaire internationale. La Gambie a annoncé hier son retrait de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, devenant ainsi le troisième Etat africain à prendre une telle décision, après le Burundi et l'Afrique du Sud. "À partir de ce jour, mardi 24 octobre, nous ne sommes plus membres de la CPI et avons entamé le processus prescrit par le statut fondateur pour nous en retirer" a annoncé hier le ministre gambien de l'Information Sheriff Bojanj à la Télévision publique. Le ministre a avancé les mêmes arguments pour expliquer ce retrait en accusant la CPI de "persécution envers les Africains, en particulier leurs dirigeants", alors que selon lui "au moins 30 pays occidentaux ont commis des crimes de guerre qui demeurent impunis". Pretoria avait expliqué que la CPI "entrave l'aptitude de l'Afrique du Sud à honorer ses obligations en matière de respect de l'immunité diplomatique". Cette décision intervient au moment même où des voix de l'intérieur de la CPI et du continent africain appellent au dialogue pour éviter un effet domino fatal pour cette institution, dont la procureure Fatou Bensouda est pourtant de nationalité gambienne. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon s'est également montré inquiet par le retrait, en moins d'une semaine de trois Etats africains de la CPI. "Aujourd'hui plus que jamais, il y a un gigantesque besoin de justice universelle", avait déclaré mardi le président de l'Assemblée des Etats, fondateur de la Cour pénale internationale (CPI), Sidiki Kaba, soulignant lors d'un point de presse à Dakar que "c'est dans un délai d'un an que le retrait devient effectif". Ce pourquoi, a-t-il ajouté, "il faut saisir cette opportunité pour engager un dialogue avec les Etats qui voudraient quitter la CPI. Pour cela, il faut écouter leurs appréhensions, leurs récriminations, leurs critiques". Parallèlement, d'autres voix ont salué ces décisions et ont appelé les autres pays africains à en faire de même, à leur tête le président soudanais Omar El-Béchir. "La CPI est un nouvel outil colonial qui cible uniquement les dirigeants africains", a accusé le président soudanais, cité par le quotidien en ligne Afric Telegraph. "J'appelle les dirigeants africains et les peuples d'Afrique qui sont encore membres de la CPI à prendre ensemble une mesure collective pour se retirer de la CPI", a ajouté le communiqué de la présidence soudanaise. Pour rappel, la décision de retrait de Pretoria de la CPI fait suite justement à la polémique suscitée par la présence en Afrique du Sud du président soudanais à l'un des sommets de l'Union africaine. La CPI avait exigé l'arrestation de Omar El-Béchir, mais le président sud-africain Jacob Zuma a opposé un niet catégorique, entraînant ainsi le deux parties dans un bras de fer aux conséquences que l'on sait. D'autres pays africains risquent aujourd'hui de prendre la même décision comme le Kenya qui était à la tête des Etats qui ont défendu cette option au sein de l'Union africaine. Lyès Menacer