Les fortes pluies qui se sont abattues ont fait des dégâts. L'aide des autorités demeure insuffisante. Réfugiées chez des proches, la plupart des familles vivant dans les ksour craignent de voir leur maison s'effondrer. Surpris dans leur sommeil dans la nuit de jeudi par une pluie diluvienne vers 1h15, les habitants de Fenoughil n'ont plus connu depuis de répit. Ces fortes précipitations leur ont rappelé celles de 1990. En deux heures, les ruelles déjà étroites des ksour ont été inondées, et l'eau ruisselante s'est infiltrée sans difficulté dans les habitations, semant la panique et le désarroi. Les habitants sont affairés dans tous les sens à faire vite de sortir leur famille et à essayer de les mettre à l'abri. Les murs et les plafonds sont gorgés d'eau, la situation empire d'heure en heure. Les compteurs électriques sont hors d'usage. La population se mobilise. Armés de pelles, de pioches et autres outils, les habitants ont dû creuser pour évacuer l'eau qui s'engouffre partout, rendant le sol boueux. Ce qui ne facilite pas la tâche. Au Ksar-Baâmar, de la daïra de Fenoughil, selon M. Abd Benyaïchi, vice-président de l'association du quartier, 80 familles ont fui leur domicile et 90 autres craignent le pire. Leurs maisons sont quasiment endommagées. Sitôt alertée, une délégation composée du wali, du chef de daïra et du P/APC se rend sur les lieux pour constater les dégâts et promettre une aide conséquente. Cependant, l'aide alimentaire, composée de riz, de pâtes, de sucre et d'huile, proposée demeure insuffisante. Si elle est acceptée par certains, elle a été carrément boudée par d'autres. “Nous avons besoin de couvertures et de tentes”, ont scandé les sinistrés. Jelloul Seddiki, 65 ans, sans ressource et sans revenu, nous explique qu'il est dehors depuis plus de quatre jours. En effet, son logement est complètement délabré. Mebarka Bakhada, mère de 9 enfants, nous raconte que même les denrées alimentaires qu'elle a emmagasinées chez elle (couscous, farine, dattes...) sont pourries, donc impropres à la consommation. À Ksar-Djedid, le constat est le même. 50 familles ont dû fuir leur domicile, 40 autres craignent d'y retourner. Le danger d'effondrement n'est pas écarté. À l'école coranique des dégâts ont été enregistrés ; on relève un blessé. À Ksar Zaruit-Kounta, 70 familles sont à l'abandon. Actuellement, elles se sont réfugiées chez des proches; une solution qui reste toutefois précaire. Dans les ksour de Taberkane et Ouled Hadj, “les terrasses ne sont plus accessibles, et quand elles le sont, la dalle faite d'argile et de troncs de palmiers s'effrite sous le moindre poids. La période estivale va bientôt commencer, et la température n'est guère clémente. Comment vais-je faire?”, lance une femme en sanglots. Aïn-Belbal, localité distante de 100 km du chef-lieu de la daïra d'Aoulef, a connu, également, la colère de la nature. M. Djafari, père de 7 enfants, ne sait plus où donner de la tête. Il s'est retrouvé sans toit et sans provisions, les siennes ayant été ensevelies par les décombres. Des élèves sans classe À Ksar Baâmar, dans la daïra Fenoughil, l'école primaire n'a pas été épargnée par les intempéries, et sur les six salles qu'elle compte, trois ont été évacuées et les élèves se retrouvent avec leurs tables dans la cour. Une façon peu anodine de les occuper. E. S.