La capitale, dont la résonance médiatique, politique et sécuritaire reste un enjeu majeur, ne sera plus désormais à l'abri de la stratégie du Gspc. «Les moujahidine ont mené dimanche une attaque à la bombe contre un bus transportant au moins 20 croisés, qui a fait un nombre indéterminé de tués et de blessés, avant de regagner leurs bases sains et saufs», dit un communiqué du Groupe salafite pour la prédication et le combat, mis en ligne sur son site web vingt-quatre heures après l'attentat de Bouchaoui qui a coûté la vie à deux personnes et blessé une quinzaine d'autres. Baptisé «conquête de Bouchaoui», cette opération a été décryptée comme un passage à l'acte du Gspc après les avertissements communiqués à l'endroit des ressortissants étrangers et principalement américains et français. L'attentat visant un bus transportant des employés de la société américaine Brown Root and Condor (BRC), une filiale spécialisée dans la construction et appendice de la compagnie publique algérienne Sonatrach et de la société américaine Halliburton, a poussé l'ambassade américaine à Alger à mettre en garde les citoyens américains qui se trouvent en Algérie, à prendre leurs précautions et à «réexaminer leur situation de sécurité», leur conseillant «vivement» de s'enregistrer auprès de la section consulaire de l'ambassade afin, également d'y obtenir les «mises à jour» relatives au «travel warning» concernant les déplacements vers et dans le territoire algérien. L'ambassade américaine a, aussi, limité ses activités aux «mouvements officiels» en attendant d'«évaluer la situation» qui découle de l'attentat de dimanche. Dans cet intervalle, les citoyens américains en situation d'urgence peuvent téléphoner à l'ambassade. Ayant certainement été informée d'un mouvement suspect dans ou autour de la capitale, la dernière mise à jour du «travel warning» du département d'Etat américain concernant les déplacements en Algérie et datée du 22 novembre, précisait que «l'environnement de la sécurité dans plusieurs régions de l'Algérie continue de poser un risque considérable». Le département d'Etat US estimait que «malgré» un déploiement sécuritaire «généralement efficace» à Alger et dans «les grands centres urbains», il a été quand même enregistré «des attentats terroristes contre des commissariats de police en octobre 2006». La Grande-Bretagne a été la première, le 3 novembre dernier, à mettre en garde ses ressortissants, bien avant l'attentat de Bouchaoui. Les attentats terroristes qui ont secoué le nord de l'Algérie, à la fin du mois d'octobre 2006, ont poussé le Foreign Office à procéder à une mise à jour de son «travel warning». Les autorités britanniques venaient ainsi de revoir à la hausse les risques de déplacement de leurs ressortissants en Algérie. Le conseil aux voyageurs fait mention des risques, et même s'il assure que le niveau d'alerte n'a pas changé, il exhorte les sujets de Sa Majesté séjournant dans notre pays à une plus grande vigilance, comme ne pas prendre la route de nuit, dans le nord de l'Algérie. «Il y a une menace continue de terrorisme en Algérie. Vous risquez d'être attrapés lors d'attaques de groupes terroristes si vous voyagez par route dans certaines régions du nord de l'Algérie», disait en substance, l'avis du Foreign Office. L'attentat à la bombe contre un bus Toyota transportant des employés de la compagnie américaine Brown Roots et Condor, a été la goutte de trop et a mis à mal les services de sécurité. L'attentat de Bouchaoui a connu un impact psychologique et médiatique certainement plus important que l'acte lui-même. Et on sait, désormais, que les étrangers sont ciblés et «attaquables» partout où ils peuvent se trouver. Le ralliement du Gspc à Al Qaîda a été officiellement annoncé le 11 septembre par Ayman Al-Zawahiri, «numéro deux» et comportait aussi un avertissement pour la France. Depuis qu'il a prêté allégeance à Al Qaîda, le Gspc tente de se donner une plus grande dimension et une envergure transnationale, afin, d'abord, de justifier sa connexion avec l'organisation de Ben Laden, de frapper ensuite, même symboliquement, la France ou les Etats-Unis.