D'ores et déjà, le parti mobilise ses troupes. Hier, devait, en effet, se tenir à Larbaâ Nath Irathen la rencontre de tous les élus de la wilaya de Tizi Ouzou. La décision d'Ahmed Ouyahia de retirer ses élus de Kabylie, histoire de donner des gages aux délégués des archs qui ont accepté le dialogue pour la “mise en œuvre” de la plate-forme d'El-Kseur aura finalement réussi l'exact contraire de l'effet escompté : aux place et lieu d'un “effet domino”, même si les relents de la manœuvre politique transparaissent en filigrane, cette décision aura eu le mérite, peut-être salvateur pour l'avenir du pluralisme, de revigorer la classe politique. Après le FLN qui a désavoué la décision du Chef du gouvernement en termes, il est vrai, diplomatiques, le PT dont l'hostilité aux archs est de notoriété publique, c'est au tour du Front des forces socialistes (FFS), le parti qui détient la majorité des élus en Kabylie, de monter au créneau. Même si le parti a eu à exprimer son hostilité au retrait de ses élus, il reste que la formation de Hocine Aït Ahmed n'entend pas rester au stade des “échanges d'amabilités” par médias interposés. Ainsi l'on apprend de sources très proches du parti qu'une riposte “appropriée” aux pressions qui pèsent sur lui sera organisée dans les prochains jours. Cette riposte, sous forme d'une rencontre nationale de tous ses élus à travers le territoire national et qui aura lieu à Ghardaïa, selon toute vraisemblance, pour la faire coïncider avec le procès des détenus dont le dossier est désormais clos après qu'ils eurent été entendus par le juge d'instruction, sera ponctuée par de nombreuses résolutions concernant, entre autres, autant les libertés publiques, la question du foncier, que les prérogatives des élus. Mais d'ores et déjà, le parti mobilise ses troupes. Hier, devait, en effet, se tenir à Larbaâ Nath Irathen la rencontre de tous les élus de la wilaya de Tizi Ouzou. Loin d'être fortuit, le choix du lieu, pour sa symbolique, a valeur de test pour le plus vieux parti d'opposition, l'ex-Fort National passe comme étant, à tort ou à raison, le fief des archs. Autant dire une façon pour le FFS de damer le pion à des délégués qui viennent de le vouer aux gémonies à travers une déclaration incendiaire publiée hier dans la presse. Un autre conclave des élus de Béjaïa est également retenu pour le début de la semaine prochaine au cas où, bien entendu, d'ici là le procès de Ghardaïa ne serait pas encore fixé. Bref, le parti n'entend pas céder face à ce qu'il qualifie “d'une volonté de le neutraliser”. “La réponse sera appropriée maintenant qu'il y a une volonté avérée de ghettoiser et de neutraliser le parti à travers les élus en Kabylie”, explique Karim Tabbou, chargé à la communication et porte-parole du parti, joint hier par téléphone. Interrogé, par ailleurs, si des contacts avaient été établis entre les autorités et le parti par rapport à la question, Karim Tabbou a assuré “qu'il n'y a aucun contact, et si tel était le cas il serait porté à la connaissance de l'opinion publique”. Reste donc à savoir, en définitive, la réaction des autorités maintenant que l'essentiel des formations politiques refusent de retirer leurs élus. Pour rappel, le FLN, principale formation de l'alliance, a critiqué, en termes à peines voilés, la décision d'Ahmed Ouyahia concernant le retrait des élus en suggérant que “la solution ne doit pas être partisane” et que “toutes les parties doivent être associées”. En décodé : associer les partis politiques fortement implantés dans la région. Chose qui a été rejetée jusque-là par les autorités, notamment par le Chef du gouvernement, lequel avait déclaré devant l'Assemblée en 2003, lors du premier appel au dialogue avec les archs, que celui “qui veut le recrutement aille voir les archs”. K. K.