Résumé : Après le départ du médecin, Racim se poste au chevet de son épouse qui dormira une bonne partie de la journée. Il avait espéré un autre coup de fil. En vain. Le ravisseur ne s'était pas manifesté. À son réveil, Narimène n'était pas tout à fait consciente. Elle hallucinait. Le jeune homme prend deux comprimés et les fait avaler à sa femme. Elle se met à rire puis à pleurer. La crise reprenait. Cependant, comme elle était affaiblie par le sédatif administré par le médecin, Narimène ne résiste pas à Racim qui l'aida à se recoucher et tira le drap sur elle. Elle se rendormit immédiatement, et il pousse un long soupir. "Tout ira bien, tout ira bien", ne cessait-il de se répéter. Comme pour se donner du courage, il sortit sur la véranda du salon. La mer s'étendait à perte de vue devant ses yeux. Les lumières nocturnes scintillaient sur la surface. Quelques jeunes gens s'interpellaient en riant aux éclats. Des morceaux de musique emplissaient l'atmosphère. Le monde vivait autour de lui, et la terre continuait de tourner. Ses vacances ont viré au cauchemar. Qui pouvait donc ressentir le degré de sa souffrance. La sonnerie de son portable le fera sursauter. Il reconnaît le numéro de sa mère et décroche en se demandant s'il devait tout lui raconter. Puis il se ravise et tente de prendre une voix normale pour répondre. -Hé ! C'est toi maman ! -Oui, c'est moi, fiston. On dirait que vous m'avez totalement oubliée, toi et ton épouse. -Pas du tout. Voyons maman, comment as-tu pu avoir une telle idée ! -Simplement parce que cela fait une semaine que personne n'a jugé opportun de me donner de vos nouvelles ou de demander des miennes. -Oui, tu as raison, maman. -J'ai toujours raison, mon fils. Alors pourras-tu m'expliquer ce silence de votre part ? Il soupire. -Nous... J'allais justement t'appeler ce soir. Tu m'as devancé. -Hum. Je ne suis pas tellement convaincue par ta réponse, mon fils. Ta voix n'est pas du tout normale ce soir. Tu es sûr que tout va bien ? -Mais bien sûr, maman. Tout va bien pour nous trois. -Alors passe-moi ce petit diable de ton fils. -Choukri ? -Oui. Choukri. Je veux entendre sa voix. Tu ne peux imaginer à quel point il me manque ! -Oui. Tu lui manques aussi. Il ne cesse de demander après toi. -Alors passe le-moi ! -J'aimerais bien. Mais Choukri... Il s'arrête cherchant ses mots. Que pourra-t-il donc raconter à sa mère ? Que son fils a été kidnappé sous ses yeux ? -Allô, Racim ? Pourquoi gardes-tu le silence ? Je veux parler à Choukri. -D'accord maman. Une seconde. Narimène lui fait prendre son bain. Je vais voir si c'est terminé. Il s'accroche à la balustrade de la véranda en se demandant quel mensonge il pourrait inventer pour répondre à sa mère sans l'alarmer. Au bout d'une minute, il reprend son portable et lance : -Désolé maman. Choukri s'est endormi. -Déjà ! Ce n'est pas dans ses habitudes de dormir à cette heure-ci, d'autant plus que vous êtes en vacances. -Il s'est trop dépensé sur la plage. Il s'est fait de petits amis et a joué avec eux toute la journée. Tu comprends donc qu'il soit trop fatigué pour résister au sommeil. -Bien. Alors passe-moi Narimène. -Narimène. -Oui. Narimène. Devrais-je croire qu'elle aussi a sombré dans un profond sommeil. -C'est pourtant le cas, maman. Il entendit un soupir, puis la voix autoritaire de sa mère : -Tu me fais marcher, mon fils. Je suis sûre que quelque chose ne tourne pas rond entre vous. Vous vous êtes disputés, toi et Narimène ? -Non. Pas vraiment. -Pas vraiment. -Maman. Que vas-tu donc chercher ? Nous avions eu une petite querelle tout à l'heure au sujet de Choukri. Rien de grave. Elle s'est enfermée dans sa chambre. Cela lui passera. -Bon. Je vais alors l'appeler sur son téléphone. Elle saura m'expliquer ce qui s'est réellement passé entre vous. Choukri est avec elle bien sûr. -Oui. Keltoume raccroche. Le jeune homme quitte la véranda pour se rendre dans la chambre où Narimène dormait profondément. Il prend le cellulaire déposé sur la table de nuit et l'éteint. Au bout de quelques minutes, son téléphone se remet à sonner. (À suivre) Y. H.