Résumé : Racim sort prendre un peu d'air sur la véranda. Sa mère le contacte et lui reproche de l'avoir ignorée ces derniers temps. Elle demande après Choukri. Ne pouvant lui dévoiler la triste réalité, Racim la laisse supposer qu'il avait eu une petite querelle avec Narimène. Mais Keltoum n'est pas dupe. Racim lève les yeux au ciel. Sa mère n'allait pas le lâcher de sitôt. -Allô maman. -Le téléphone de ta femme est éteint, dois-je comprendre qu'elle ne veut parler à personne. -Je n'en sais rien, maman. Les femmes sont parfois imprévisibles. -Pourtant, vous vous êtes toujours bien entendus. Qu'est-ce que c'est que cette histoire de querelles pendant vos vacances ? Je veux tout savoir, Racim. Ne me cache rien. -Maman, s'il te plaît, je suis assez secoué pour aujourd'hui. Laissons tout cela pour demain, veux-tu ? -Comment ? Tu veux que je passe une nuit blanche ? -Mais non. Il n'y a absolument rien de grave. Tu ne me crois donc pas, moi, ton propre fils ? Tu préfères que ce soit Narimène qui te rapporte tout ? Elle garde le silence un instant, puis lance : -Bon. J'aimerais bien croire qu'il n'y a rien de grave, mais je rappellerai demain matin pour en avoir le cœur net. -À ta guise, ma chère maman. Elle raccroche. Racim se laisse tomber sur une chaise. Keltoum était tenace. Si elle apprenait ce qui s'était réellement passé, elle n'irait pas par quatre chemins pour les rejoindre et remuer ciel et terre pour retrouver Choukri, au risque de perturber les recherches de la police. Narimène dormait toujours. Il s'allonge à ses côtés et ferme les yeux. Le sommeil finira par l'emporter durant quelques heures. Vers le milieu de la nuit, la sonnerie du téléphone fixe le réveillera en sursaut. Il saute sur ses pieds et court au salon. La voix du ravisseur lui chuchote dans les oreilles. -Alors, on dort ? -Que veux-tu ? -Rien. Je voulais juste vous dire que si d'ici demain je n'ai pas ma rançon, je vais tuer le petit. Racim prend une lente inspiration. -Je t'ai déjà demandé de fixer ton montant et de m'indiquer l'endroit où je pourrais déposer cet argent. -Oui. Mais cela c'était avant que tu n'alertes la police. Racim se rappelle soudain les recommandations des deux inspecteurs. Il devrait rallonger au maximum la communication afin qu'on puisse le localiser. Il reprend alors d'une voix plus ferme : -Allons ! Nous pourrions tout de même trouver un point d'entente. -C'est ce que je voulais. -Et mon fils ? Comment va-t-il ? -Il dort. Pour le moment, je ne lui ai fait subir aucun supplice. -Comment peux-tu jouer avec la vie d'un enfant et torturer ses parents pour quelques billets ? Il l'entendit ricaner. -C'est un boulot comme un autre. Un moyen de gagner de l'argent très rapidement. -Tu sais à quels risques tu t'exposes ? -Aux mêmes risques que les métiers pénibles. Les gens meurent tous les jours sur les chantiers de construction ou dans les puits pour quelques dinars. Moi, je mise bien plus haut, alors le risque en vaut la peine. -Bien. Alors fixe ton prix et n'en parlons plus. Un moment de silence s'ensuit. Racim entendit une autre voix. Quelqu'un semblait donner des instructions. Au bout d'un moment, la voix du ravisseur reprend : -Cinq millions de centimes. Nous ne sommes pas trop gourmands. Et puis la somme pourrait paraître dérisoire devant ta fortune. -Je ne suis pas aussi friqué que tu le penses. -Nous avons fait notre petite enquête, pardi ! Nous n'allions tout de même prendre ces risques dont tu parlais tout à l'heure pour quelques miettes. Alors, à prendre ou à laisser ? (À suivre) Y. H.