Résumé : Narimène est sortie faire un tour sur la plage. Racim part à sa recherche. Sa femme avait la phobie de la mer. Elle s'est peut-être noyée. Mais elle était là. Ils revinrent au cottage et entamèrent une longue et angoissante attente. Le kidnappeur s'était-il manifesté alors qu'ils étaient à l'extérieur ? Ils n'osaient pas penser à cette éventualité. Pourtant, cet homme voulait son argent et n'allait sûrement pas abandonner à sa première tentative. Plus le temps passait et plus leur inquiétude augmentait. Le plus petit bruit les faisait sursauter et ils tendaient l'oreille au moindre son qui leur parvenait de l'extérieur. -Il ne va peut-être pas nous rappeler, lance Narimène d'une petite voix. Racim rejette la fumée de sa cigarette : -Je pense que si. Cet homme ne s'est pas donné autant de mal pour abandonner. -Mais s'il doute de nous, s'il pense que nous allons tout raconter à la police ? -Il sait de quoi il parle. Il sait aussi que nous sommes trop préoccupés par la disparition de notre enfant pour nous amuser à compliquer les choses. Assieds-toi, Narimène, nous allons prendre notre mal en patience. Il jette un coup d'œil à sa montre-bracelet : -Il est bientôt vingt heures. Nous avons encore toute la nuit devant nous. -Je n'arrive plus à dominer mes angoisses ni mes nerfs, je sens que je vais craquer. Il se lève et s'approche d'elle : -Qui va soutenir l'autre si l'un de nous craque ? Nous devrions nous montrer forts, Narimène. Elle s'assoit au bord d'une chaise et se met à jouer nerveusement avec une cuillère. Elle ne savait plus quoi dire ni quoi faire. L'air abattu de son mari ne la réconfortait pas. Les étoiles apparaissaient une à une dans le ciel, la voie céleste s'illuminait de mille et une lumières. La beauté de cette nuit estivale l'aurait inspirée. Elle aurait écrit de très beaux vers que Racim aurait à coup sûr appréciés. Hélas ! Ni ses poèmes ni ses lectures ne pouvaient rien pour elle en ce moment. Elle repense à Choukri. A-t-il mangé ? A-t-il pleuré en se retrouvant parmi des étrangers ? A-t-il appelé ses parents à son secours ? Ses yeux se mouillèrent. Pauvre petite créature qui se retrouve dans la gueule du loup. Elle espérait de tout cœur qu'on ne l'avait pas torturé et adresse une prière muette au grand Créateur afin de retrouver son petit ange sain et sauf. La sonnerie du téléphone la tire de ses méditations. Elle se tourne brusquement vers son mari, qui décroche sans tarder : -Allo ! Allo ! Il entendit un petit souffle, puis une petite voix d'enfant qui pleurait. -Choukri. Choukri, mon fils. Narimène lui arrache le combiné des mains : -Choukri, mon bébé, c'est maman. Où es-tu mon petit ange ? Elle entendit les sanglots de l'enfant, puis une voix d'homme : -Vous avez entendu. Votre fils va bien. Je veux juste une petite "récompense" pour l'avoir gardé sain et sauf, et le tour sera joué. -Nous allons vous donner ce que vous voulez. Racim lui reprend le combiné et rétorque : -Vous aurez votre argent. Dites-nous où vous vous trouvez et je viendrai vous remettre la somme que vous demandez. Il entendit un sifflement : -Malin de votre part. Je vous donne mon adresse et vous la communiquez tout de suite à la police. -Non ! Je vous assure que... -Assez ! Je vais vous dire où vous allez laisser l'argent. -Bien. Alors orientez-moi. -Pas aujourd'hui. Je vous rappellerai. -Mais... et l'enfant... L'homme avait raccroché. Racim repose furieusement le combiné : -Il nous fait languir, le salaud. Narimène se remet à sangloter : -Je ne comprends pas pourquoi il refuse de nous indiquer où lui laisser cet argent. -Il a peur qu'on le dénonce à la police. -C'est ce que nous devrions faire Racim. Nous avons trop attendu. Cela fait déjà quarante-huit heures que Choukri a été kidnappé. N'est-ce pas le délai requis pour déclarer officiellement sa disparition ? (À suivre) Y. H.