La joie de la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, aura été de courte durée. Elle réalise que l'éjection d'Amar Saâdani du secrétariat général du Front de libération nationale (FLN) n'est pas synonyme de ce qu'elle avait pensé entrevoir. Dans un point de presse animé hier, à Alger, en marge d'une session ordinaire du bureau politique du parti, elle a fait remarquer, amèrement, que "le système du parti unique qui a engendré corruption et crise est toujours maintenu". En effet, Louisa Hanoune, qui cache à peine les espoirs qu'elle a fondés sur un éventuel changement, après le départ du tonitruant Amar Saâdani, est désillusionnée. Désillusionnée aussi d'avoir pensé que "le changement opéré à la tête du FLN pouvait découler d'une prise de conscience au sommet de l'Etat". Ce qui, à ses yeux, pourrait se traduire également par un début de changement dans les orientations politiques et économiques "antinationales" et qu'elle n'a de cesse de dénoncer depuis ces deux dernières années. C'est avec beaucoup de regrets qu'elle a noté que "les évolutions enregistrées récemment dans le pays sont mortelles et qu'à travers la loi de finances 2017, le gouvernement a complètement tourné le dos à la population pour servir les intérêts de la minorité prédatrice et les entreprises étrangères". Elle estime que "désormais, le pays est face à son destin" et qu'"il traverse la période la plus dangereuse depuis son indépendance". Parce qu'aux yeux de la SG du PT, il n'y a pas plus grand danger pour un pays que de voir "les décisions d'intérêt général prises par des factions" au pouvoir. Louisa Hanoune a regretté que "des projets structurants soient gelés et annulés dans toutes les wilayas", que "l'austérité est déclarée à tous les niveaux" alors que "la question de la taxe sur la fortune reste un sujet tabou au pays de la prédation". Elle a relevé, au passage, que "l'Algérie est le seul pays au monde où la taxe imposée aux travailleurs est supérieure à celle appliquée aux patrons". La responsable du PT trouve néanmoins consolation dans l'"évolution positive" dans le discours du secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia. "Nous avons eu une discussion, il y a quelques années à propos de la taxe sur la fortune, et il semble que M. Ouyahia est aujourd'hui convaincu de l'impératif de son application." Par ailleurs, la SG du PT est convaincue qu'en recourant à l'endettement extérieur, "le gouvernement va détruire l'Etat et se suicider en même temps". Louisa Hanoune a estimé également que la récente rencontre des walis avec le gouvernement "va décréter la dissolution de l'Etat", arguant d'abord de son "étrange composante". "Cette réunion a regroupé aussi d'autres parties et il en résultera une Algérie riche pour une minorité et une Algérie pauvre pour la majorité". Pour elle, les directives données aux walis conduiront à "une gestion déléguée du service public", et ensuite carrément à "une destruction des structures publiques", ce qui, avertit-elle, conduira à "la rupture entre l'Etat et le peuple". Mehdi Mehenni