Deux rassemblements ont été réprimés hier à Tizi Ouzou par la police qui a procédé à l'arrestation de 14 personnes, dont le frère de Belaïd Abrika. Le déplacement du sit-in hebdomadaire pour la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus du mouvement citoyen, qui habituellement se tenait devant le tribunal correctionnel près la cour de Tizi Ouzou tous les dimanches, avant qu'il ne soit transféré hier au rond-point, près de l'ex-brigade de gendarmerie, a fait réagir hier les forces de la police. Vers 10h30, les délégués ont commencé à se rassembler sur le lieu du rendez-vous, alors que des dizaines de policiers étaient tout autour, sur les trottoirs ou ailleurs. Les slogans habituels du mouvement citoyen qui exigent la libération des détenus et le jugement des assassins étaient scandés au moment où la foule grossissait. Un quart d'heure plus tard, les policiers en civil, qui jusque-là observaient de loin, sont intervenus. C'est un véritable assaut qu'ils ont entrepris pour procéder à des arrestations : à chaque fois un groupe de six ou sept policiers cernait l'un des délégués ou manifestant, le rouait de coups de pied ou de poing et le traînait au commissariat tout proche. Un peu plus d'une dizaine d'arrestations ont été enregistrées, et l'un des délégués, Ali Aouanèche d'Ath Zmenzer, qui a réussi à prendre la fuite, affirme que l'un des policiers a sorti un poignard et a voulu le brandir à son adresse. D'autres délégués affirment que des policiers étaient munis d'armes blanches. Tahar Temmim, délégué de Aïn El-Hammam, était sur un trottoir en face du rond-point et criait en direction des policiers : “Vous n'avez pas le droit de faire ça ! Ce sont nos frères, libérez-les !” lorsqu'un groupe d'une dizaine policiers environ ont couru vers lui, l'ont poursuivi et arrêté après l'avoir neutralisé. Quatorze manifestants, dont cinq délégués, ont été conduits au commissariat central, avant qu'ils ne soient mis en garde à vue. Ils devront être présentés devant le procureur aujourd'hui ou demain au plus tard. Aux Genêts, les émeutes ont éclaté après ces arrestations. Au quartier du 20-Août, un meeting de la Coordination communale de Tizi Ouzou a été par ailleurs réprimé et les affrontements ont commencé après l'intervention de la BMPJ. Le mouvement citoyen, alerté par l'état de santé des détenus grévistes de la faim, ont décidé de durcir le ton. Les détenus, au 28e jour de la grève de la faim aujourd'hui, sont au plus mal. Après Mouloud Chebheb, Rachid Allouache et Dda Moh, Bélaïd Abrika a été à son tour transféré au CHU de Tizi Ouzou samedi dernier vers 17h et reconduit deux heures plus tard à la prison. Un transfert sous haute surveillance, les forces et camions antiémeutes ayant été même mobilisés. Profitant de sa faiblesse, Bélaïd Abrika, qui a refusé qu'on touche à sa barbe, a été “étranglé”, rudoyé, s'est vu raser de près, impuissant. La CADC, qui a appelé à une grève générale aujourd'hui dans toute la wilaya de Tizi Ouzou, a déjà commencé à barricader les routes hier à Oued-Aïssi et à Azazga. Aujourd'hui, de multiples actions locales de protestation sont prévues et toutes les routes nationales et de wilaya seront barricadées. Dans le cas où les détenus seraient toujours en prison samedi, une grève “jusqu'à nouvel ordre” sera décidée. K. S.