Résumé : Le vieux Kader supplie sa femme pour remettre l'enfant à la police. Ses véritables parents sont inquiets et le recherchent activement. Mais Khadidja est imperturbable. Cela fait des années qu'elle espérait la venue d'un enfant dans leur maison, et maintenant ils devraient quitter les lieux et l'emmener loin avec eux. Kader est sidéré. -Mais c'est à 400 km ! -Et alors ? Tu as bien l'habitude de conduire sur de longues distances, vieux taxieur ! -Non. Je ne parle pas uniquement de la distance. Ce petit va se réveiller et réclamer ses parents. Comment allons-nous... -Chut ! Pas un mot de plus, Kader. Ne me dis surtout pas que tu ne seras pas heureux à l'idée d'entendre bientôt cet enfant t'appeler papa. L'homme sentit ses yeux larmoyer. Il jette un coup d'œil dans la chambre et remarque le petit corps de l'enfant recroquevillé sur lui-même. Son cœur se pince. L'émotion prend le dessus. Il demande pardon à Dieu et laisse tomber ses deux bras. -Femme, tu es diabolique, et Dieu me fera payer tes dérapages. -Allons donc ! Demande plutôt à Dieu pourquoi il nous a envoyé cet enfant de si bon matin et en sus, juste à ta sortie de la mosquée. Kader soupire et sort. Il se dirige vers le parking et ouvre le capot de son véhicule pour faire quelques vérifications. Emballée par son idée, Khadidja se met à ramasser en hâte quelques affaires et prend un grand sac où elle jette pêle-mêle certaines choses de première nécessité. Choukri se réveille. Il regarde autour de lui et se met à pleurer. Elle court vers lui et le prend dans ses bras. -Chut, mon chéri. Chut ! Je suis là. C'est maman. Il tente de se dégager de son étreinte. Mais elle le serre plus fort contre elle. -Je vais te réchauffer un peu de lait, et puis nous allons partir faire un long voyage avec papa. -Papa ! Maman ! Je veux maman ! -Je suis ta maman, Choukri. Je suis ta maman. Papa va revenir dans un instant pour nous emmener avec lui. -Non. Tu n'es pas ma maman ! -Mais si, mon ange. Tu ne te rappelles donc pas de moi ? Hébété et désorienté, il la regarde puis se remet à pleurer et à crier. -Je veux ma maman ! Je veux ma maman ! Déroutée par la tournure des choses, Khadidja ne savait plus quoi faire. Elle tente de mettre une main sur la bouche du gosse, puis se ravise et court dans la salle de bain pour prendre un flacon de sirop. Elle revient dans la cuisine et en verse une grande cuillère qu'elle fera avaler de force à "son" fils. Au bout de quelques secondes, l'enfant retombe dans un sommeil profond. Au même moment, Kader ouvre la porte d'entrée. -Tu es prête, Khadidja ? Elle sourit de toutes ses dents. -Mais oui ! Bien sûr qu'on est prêt. Le petit dort toujours. Tu vas devoir faire descendre tout d'abord nos bagages, puis revenir pour le prendre. Je vais l'emmitoufler dans une petite couverture. Si tu rencontres quelqu'un en descendant les escaliers, tu feras mine de transporter un vieux matelas sur ton épaule. Il l'interrompt. -Arrête avec tes instructions à deux sous. Je suis assez grand pour me débrouiller. Il se gratte la tête. -Dans quelle galère tu m'as embarqué Khadidja ! -C'est le chemin du paradis que nous allons emprunter, mon cher Kader. Demain, tu me remercieras pour tout le bonheur que je te réserve. Ils installèrent le petit sur le siège arrière puis Khadidja s'installe aux côtés de son mari et boucle sa ceinture de sécurité. -Kader, il y a sûrement des barrages sur la route. Je préfère qu'on prenne le chemin de la montagne. Nous mettrons un plus de temps pour arriver, mais cela nous évitera sûrement un tas d'ennuis. (À suivre) Y. H.