Cette industrie, dont la couverture nationale en médicaments a atteint aujourd'hui près de 50%, sera sérieusement menacée. L'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop), monte au créneau pour mettre en garde contre l'asphyxie de fleurons de l'industrie pharmaceutique dont certains risquent tout simplement de déposer leur bilan. En effet, pour Abdelouahab Kerrar, aujourd'hui et au vu des multiples contraintes bureaucratiques imposées aux opérateurs, l'heure est grave. "Tous les voyants sont au rouge !" a-t-il, en effet, alerté hier, à l'occasion d'une rencontre avec les membres du club de la presse tout fraîchement créé par son organisation dans l'objectif justement de sensibiliser davantage sur les dangers qui guettent les 80 producteurs nationaux du médicament. De la difficulté de récupérer la TVA "promise" par les autorités sanitaires aux opérateurs, aux multiples contraintes administratives dont le long processus d'enregistrement d'un produit et en passant sur les obstacles contraignants à l'importation de la matière première ou encore la dévaluation constante de la monnaie nationale, M. Kerrar a énuméré une série de problèmes qui font que, regrette-t-il, la majorité des producteurs traverse actuellement une phase critique, voire "déficitaire". Selon lui, certains opérateurs auraient déjà pris la décision d'arrêter la production de plusieurs produits. "Nous sommes très inquiets", a-t-il dit pointant du doigt le facteur temps qui pourrait, selon lui, être bientôt fatal à l'industrie pharmaceutique nationale. M. Kerrar révèle à titre d'exemple, que certains opérateurs attendent, depuis plus d'une année, de récupérer la TVA dont ils sont légalement exonérés. Ce qui affecte naturellement leur budget et freine du coup leur développement. Cela, ajoute-t-il, sans parler des tarifs préférentiels fixés par la tutelle pour la longue période de 5 ans. Le président de l'Unop dénonce en outre, le fait que les fabricants des médicaments soient tiraillés à la fois par le ministère de la Santé et la Caisse nationale des assurances sociales, (Cnas), qui fixe la nomenclature des produits remboursables. L'autre problème évoqué par M. Kerrar est, par ailleurs, lié à la "surcapacité" de production qui risque d'affecter les fabricants prochainement à cause de l'octroi de nouveaux agréments pour une centaine de projets pour porter le nombre d'unités de production à "148". Ce qui affecterait, dit-il, négativement la production nationale, car, prévient-il, il y aura "saturation du marché". Cela d'autant plus que l'exportation des médicaments algériens n'est guère encouragée. Selon M. Kerrar, si jamais le ministère de la Santé s'aventurait à délivrer de nouveaux agréments, cela provoquerait "inévitablement" la fermeture d'usines. Si l'industrie pharmaceutique, rappelle-t-il, avait connu un essor considérable durant les 15 dernières années avec une croissance annuelle moyenne de "17%", actuellement elle est reléguée à un taux de croissance nul, c'est-à-dire de "0%". Pourtant des solutions existent, selon M. Kerrar qui préconise, entre autres, la réorganisation de la filière, le réaménagement des textes législatifs ainsi que l'allègement des contraintes administratives. Sans quoi, alerte-t-il, cette industrie dont la couverture du besoin national en médicaments a atteint aujourd'hui près de 50%, sera sérieusement menacée. Farid Abdeladim