Les futurs producteurs de médicaments, qui ont amorcé leurs projets industriels il y a deux ans, sont en difficulté. C'est ce qu'a relevé, hier, lors d'une rencontre avec la presse à l'hôtel Sofitel (Alger), l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie. « Ces investisseurs ont établi leur business plan sur la base de prix de médicaments qui sont en baisse aujourd'hui et sur un dinar qui n'avait pas encore connu une telle dépréciation », indique le président de l'UNOP, Abdelouahed Kerrar. Pis, selon le vice-président de l'UNOP, Salah Arabet, nous pourrons assister prochainement à des actes de « désinvestissement ». « Dire que nous couvrirons 70% des besoins du marché est surréaliste. Les prix des médicaments fixés par la tutelle ne reflètent pas le coût de production. Certains producteurs ont cessé de fabriquer certains médicaments à cause de ces prix. L'UNOP a remis, il y a un an, une liste d'une centaine de médicaments dont les prix doivent raisonnablement être augmentés mais nous n'avons reçu aucune réponse », dira Kerrar. Les pouvoirs publics se montrent réticents pour des considérations sociales à augmenter les prix du médicament bien que cette hausse soit économiquement justifiable. « Nous assistons également à un renchérissement des prix de la matière première et avec la chute du dinar, ce qui entraîne des coûts supplémentaires pour ces producteurs », dit-il. Le conférencier a déploré que les médicaments importés soient enregistrés en devises et non en dinars. « Quand le dinar perd de sa valeur, ce sont les producteurs nationaux qui sont affectés et non les importateurs », observe-t-il. Outre ces contraintes, l'UNOP évoque celle relative à l'enregistrement du médicament. Une procédure qui prend beaucoup de temps et qui conduit parfois au gaspillage. « Quand le médicament est enfin enregistré, le producteur ne peut plus le commercialiser à cause de la date de péremption. » « On nous dit d'une part de booster les investissements, et d'autre part, on nous impose des règles qui nous en empêchent. Et en l'absence de statistiques sur la consommation du médicament en Algérie et les besoins, les futures unités de production risquent de se retrouver dans une situation de surcapacité si elles ne sont pas accompagnées pour exporter. Le marché local sera bien étroit pour elles, car nous sommes encore dans la fabrication de médicaments généraux. Nous ne produisons pas par exemple des produits biotechnologiques », signale Kerrar. A propos des produits de biotechnologie, l'UNOP appelle à l'urgence de mettre en place un cadre réglementaire autour de ce secteur pour attirer les investisseurs étrangers, permettre aux producteurs locaux d'élargir leurs activités et rendre ces produits plus accessibles sur le marché et à des prix moins chers. Concernant le projet de loi sur la santé, l'UNOP signale qu'il pourra apporter des solutions aux problèmes évoqués à condition que les textes d'application soient promulgués dans les mois à venir.