Les conférenciers ont dénoncé les contraintes rencontrées sur le terrain par les porteurs de projets pour accéder au foncier, aux finances, en rappelant l'ambiguïté des relations que ceux-ci entretiennent avec l'administration locale. Organisée par la chambre de commerce et d'industrie Seybouse, en collaboration avec l'université Badji-Mokhtar de Annaba, la première conférence sur l'investissement local, qui s'est tenue à l'hôtel Sabri, mercredi, aura attiré beaucoup de participants, malgré le peu de publicité autour de l'événement. Les opérateurs économiques versés dans différents secteurs d'activités, tels que l'industrie, le transport, la construction et la promotion immobilière, avouaient pour la plupart, à l'ouverture de cette journée, qu'ils ne comprenaient pas grand-chose au thème de la conférence, mais qu'ils étaient curieux de savoir si le contenu des communications allait répondre à leurs questionnement sur l'avenir de l'investissement à la lumière des changements profonds qui s'opèrent dans le pays, en cette période de vaches maigres. Des questionnements auxquels ont répondu plus ou moins doctement des responsables locaux, experts et universitaires invités à prendre la parole tout au long de ce séminaire. Au nombre de ces communications, on retiendra l'intervention brillante du Pr Chettab Nadia de l'université Badji-Mokhtar, qui a eu à traiter de la reconversion en gestation, depuis deux ans, de la wilaya de Annaba. Evoquant l'important potentiel existant dans cette wilaya importante, Pr Chettab a cité la réalisation de grands projets d'une nouvelle aérogare et celle de l'hôtel Sheraton, d'un viaduc, le dragage du port ou encore le grand chantier qui est en cours au pôle urbain de Draâ Errich et les acquis en matière de santé publique, tels que le centre anti-cancer et celui spécialisé en chirurgie cardio-pédiatrique, dont le lancement est imminent. Autant de réalisations qui devraient hisser cette wilaya au plus haut niveau, constatera-t-elle, sauf qu'elles ont pour environnement un tissu économique fragmenté et non structuré, ce qui expliquerait le retard enregistré dans toutes ses communes. Un retard accusé dans le domaine de l'industrie notamment, où les projets se font de plus en plus rares, déplorera Pr Chettab, en affirmant, sur la base de statistiques de l'ANDI, que sur 187 projets dont 4 IDE enregistrés en 2015 et en majeure partie dans les secteurs des transports et des services, il n'en subsiste plus que 130 actuellement, ceci pour dénoncer le manque d'efforts consentis par les pouvoirs publics. Intervenant à son tour, Mohieddine Chiahi, directeur général de l'IVPME, dira sa vision personnelle de l'approche multidimensionnelle de l'investissement local, en évoquant les contraintes rencontrées sur le terrain par les porteurs de projets pour accéder au foncier, aux finances et en rappelant l'ambiguïté des relations que ceux-ci entretiennent avec l'administration locale pour faire avancer leurs dossiers. M. Chiahi assurera que ces difficultés ont découragé de nombreux opérateurs potentiels qui avaient l'intention de s'installer dans la wilaya de Annaba. Youcef Benabdallah, professeur émérite à l'ENSSA d'Alger et invité d'honneur de cette rencontre, a traité quant à lui de l'investissement et du financement local et a expliqué comment on devrait mobiliser, selon lui, la fiscalité locale à travers l'ensemble de la wilaya en donnant des explications sur le développement local, la gouvernance et sur la stratégie à adopter localement en réaction à la chute du prix des hydrocarbures. Une situation qui impose au privé de prendre le relais dans les domaines où l'Etat ne peut plus ou ne veut plus intervenir, dira-t-il. Parlant de la loi 51/49 qu'il a qualifiée de sujet tabou, ce grand spécialiste ne mâche pas ses mots pour soutenir que le maintien de cette loi est incompatible avec le vœu des décideurs d'attirer des investisseurs directs étrangers dans nos régions. A. ALLIA