Un comité de suivi de l'application de l'accord de Vienne veillera à ce que les pays membres de l'Opep respectent leurs quotas. Les intenses tractations entre les pays producteurs, qui ont eu lieu ces derniers temps, pour préparer la réunion de Vienne que d'aucuns qualifient de la dernière chance pour parvenir, enfin, à un prix équilibré du baril, ont donné leurs fruits. Les pays de l'Opep sont parvenus à un accord de limitation de leur production à 1,2 million de barils/jour. Conséquence les prix sont passés en quelques jours de 47 dollars à plus de 54 dollars le baril. Le consensus sur cette réduction n'a pas été facile. Il a fallu d'intenses concertations entre les principaux pays producteurs membres et non membres de l'Opep. Russie, Arabie Saoudite, Venezuela, Iran, Algérie, etc. Ces "conciliabules" ont lieu dans un contexte international nouveau, marqué notamment par l'élection de Trump à la tête des Etats-Unis. Le président américain réaffirme sa volonté d'intensifier l'exploitation du pétrole et du gaz de schiste dans son pays. Cette nouvelle donne, qui vraisemblablement se traduira à terme par un accroissement de l'offre sur le marché énergétique international ; n'aura pas forcément un grand effet sur les cours du pétiole estiment certains observateurs. Il y a un seuil plancher de rentabilité en dessous duquel, ni les compagnies pétrolières internationales ni les Etats producteurs ne sont prêts à courir le risque de le creuser davantage. C'est en cela que les prévisions d'évolution des cours du brut à l'horizon 2019 (65 dollars le baril) qui ont servi à l'élaboration de l'encadrement budgétaire sur les trois années à venir, sont considérées par les analystes de réalistes. En vérité, les efforts déployés par les autorités algériennes lors de la 15e édition du Forum international de l'énergie tenue à Alger, a contribué grandement à concilier les positions des parties en présence, en dépit des contraintes géostratégiques, dont la donne énergétique, constitue un enjeu majeur. Force est de constater que les différentes parties prenantes ont objectivement accepté "un oui de principe" à Alger. Au départ, l'Iran qui voulait retrouver son niveau de production d'avant les sanctions qui lui ont été imposées par les Américains (4 millions de barils jour), il n'était pas question de geler sa production encore moins de la réduire, bien qu'il soit d'accord pour la stabilisation du marché. L'Arabie Saoudite, pour sa part, estimait que la volatilité des prix du baril est temporaire et que le marché retrouvera son équilibre à moyen terme. Il n'était donc pas question pour elle de geler sa production et a fortiori la réduire surtout si la Russie n'avalise pas l'accord d'Alger. D'autres pays tels que l'Irak, le Nigeria sont sur la même position. En fin de compte, l'Algérie a réussi à faire transcender aux membres de l'Opep leurs divergences. Ces pays ont au final consenti à réduire leur production. En fait, nous sommes à la fin d'une époque et au commencement d'une autre, où le marché mondial de l'énergie obéit à des considérations complexes rythmées par les puissant de ce monde et à leur tête les USA, la Russie, la Chine et accessoirement, malgré leur potentiel, l'Arabie Saoudite et l'Iran. Dans l'intervalle les lignes ont bougé. L'accord d'Alger a rendu possible cet élan vers une réduction de production Opep et permis d'enclencher un cycle de hausse des prix du pétrole en 2017. Au demeurant, le comité technique de l'Opep, tenu a Vienne, pour préparer la réunion du 30 novembre avec les propositions algériennes comme base de mise en œuvre de l'accord d'Alger a favorisé la conclusion l'accord de Vienne. L'Arabie Saoudite, véritable maîtresse du jeu, a lâché du lest. C'est ce qui ressort des propos du ministre de l'Energie saoudien lors de ses entretiens avec son homologue algérien sanctionné par un communiqué commun. "L'accord d'Alger a transformé les marchés pétroliers et amélioré les relations entre pays membres de l'Opep en convergeant les opinions et en aboutissant à un accord dont la mise en œuvre est aujourd'hui une nécessité... Pour stabiliser les marchés, il est nécessaire de mettre en œuvre l'accord historique d'Alger. Je reste confiant et optimiste de voir la raison l'emporter.» En fait, l'Arabie Saoudite et les autres monarchies du Golfe doivent consentir consentir le plus d'effort : près de 800 000 barils sur 1,2 million de barils/jour. Cet accord de Vienne n'aurait pu être obtenu sans les efforts de l'Algérie et surtout sans l'aval de l'Arabie Saoudite et ses concessions à l'Iran et dans une moindre mesure sans l'accord de l'Irak. Aujourd'hui, ces pays doivent passer aux actes. L'institution d'un comité de suivi de l'application de l'accord composé du Koweït, de l'Algérie et le Venezuela et éventuellement de la Russie tentera de prévenir un scénario d'indiscipline de certains pays membres de l'Opep. Il reste donc beaucoup à faire pour que les prix du pétrole se stabilisent entre 50 et 60 dollars en 2017.