Résumé : Kader était convaincu que s'il se rendait à la police, les choses s'arrangeraient pour tout le monde. Ce n'était pas l'avis de son épouse. Racim, de son côté, tentait de remonter le moral à Narimène. Cette dernière était encore sous traitement, et il lui reprochera de lui avoir caché sa grossesse. Elle se mord les lèvres. -Je voulais te l'annoncer lorsque nous étions au bord de la mer. Je voulais garder cette bonne nouvelle pour nous deux. Personne ne le savait encore. Lorsque le gynécologue m'avait confirmé mon état, je ne tenais plus de joie. J'ai dû fournir un grand effort pour ne pas te l'annoncer à la minute même. On devait partir le week-end suivant, et je me suis donc fait une raison pour patienter encore quelques jours. Hélas ! Il y a eu ce... malheur, et tu peux dire que je n'y avais plus pensé. Il lui prend la main et la porte à ses lèvres. -Quoi qu'il arrive ma chérie, je serai toujours là pour toi. Elle laisse couler deux longues larmes sur ses joues. -Il n'y a aucune nouvelle de Choukri, n'est-ce pas ? Il secoue la tête. -Non. Pas encore. Mais l'enquête suit son cours. Elle ne dit rien et se contente de contempler le plafond. Ses parents étaient venus le matin même. Elle ne leur avait rien appris de nouveau, et ils étaient repartis plus déçus que jamais. Sa mère surtout. La vieille Noria était malade et devait se faire opérer. Mais elle avait repoussé la date de son intervention à cause de la disparition de son petit-fils. Narimène craignait pour la santé de sa mère et lui avait suggéré de respecter son rendez-vous. Mais elle avait refusé. Pas avant d'avoir revu Choukri. Elle pourra ensuite mourir en paix, si là était la décision du Créateur. La jeune femme s'était donc retrouvée avec un autre fardeau sur la conscience. -Narimène, ne ferais-tu pas mieux de te lever un peu ? Rester au lit aussi longtemps ne pourra que te déprimer davantage. -Oui. Je vais me lever. Ta mère est sûrement en train de préparer le dîner. -Oui. Mais si tu veux, nous irons dîner au restaurant. Essayons de sortir pour changer. Elle secoue la tête. -Non, Racim. Je n'ai pas le cœur à sortir ou à aller dans un restaurant. Elle rabat son drap et se lève. -Je vais prendre une douche, et j'irai ensuite aider ta mère dans la cuisine. -Comme tu veux. Moi je vais tenter de travailler un peu à ma comptabilité. Tu veux bien venir m'aider plus tard ? Elle ébauche un sourire. -J'aimerais bien. Mais je suis incapable de me concentrer sur quoi que ce soit. Je risque plutôt de faire de grosses erreurs. Elle se tut, puis poursuit : - Je sais que tu veux me réconforter, Racim. Tu veux m'aider. Je suis touchée par ta sollicitude et ta gentillesse. Il se penche et l'embrasse sur la joue. -Nous sommes en train de vivre de durs moments, Narimène, et nous devrions nous soutenir mutuellement. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te rendre le sourire et la joie de vivre, ma chérie. Après le dîner, Keltoum se retire dans sa chambre. Racim prend une pomme et se dirige vers son bureau. Narimène termine de laver la vaisselle et met un peu d'ordre dans la cuisine. Comme la nuit était douce, elle se met au balcon et contemple un moment le voisinage. Quelques enfants jouaient encore devant les immeubles, et de jeunes gens entamaient des parties de jeux de société. Elle reconnut aussi quelques couples qui prenaient un bol d'air. La vie était paisible et sereine pour tous ces gens qui l'entouraient. À leur vue, elle se sentit aussi malheureuse qu'une pierre. Il n'y a pas si longtemps elle aussi était heureuse. Racim était si gentil avec elle, et son fils la comblait. Ils avaient connu la sérénité et le bonheur. Et puis d'un coup, tout cela s'était envolé. -Mon Dieu ! Nous sommes de simples mortels sur cette terre. De simples mortels qui demandent Votre miséricorde. Permettez qu'on retrouve notre petit ange et qu'on renoue avec nos jours heureux. Comme par enchantement, des vers se déversèrent dans sa tête. Pourquoi se lamenter Alors que tout est tracé Pourquoi vouloir arriver Alors que la voie est obturée Les larmes déversées Sont loin d'être séchées Que ne donnera-t-on Pour revivre le passé Que pourra-t-on faire Pour retrouver la paix. -Que se passe-t-il Narimène ? À qui parles-tu ? (À suivre) Y. H.