Pour Ali Yahia Abdenour, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH), l'incarcération de Mohamed Benchicou est entourée de beaucoup de zones d'ombre. Dans une déclaration rendue publique, hier, il soutient que “tout dans le procès de Mohamed Benchicou est étrange et incompréhensible : les circonstances et la date de l'inculpation, les charges retenues, le contenu de l'acte d'accusation”. Jugeant les accusations retenues contre le directeur du Matin, à savoir la détention de bons de caisse, “sans fondement”, Ali Yahia croit dur comme fer que le pouvoir “est animé par les concepts de revanche, de punition et de vengeance” au point de ne s'entourer “d'aucune précaution pour sauver les apparences”. Pour lui, Mohamed Benchicou est en prison parce qu'“il a voulu être cohérent avec sa conscience qui lui dictait de s'engager dans la voie de la vérité et de la justice en dénonçant la répression et la corruption”. Rendant hommage au talentueux journaliste, Ali Yahia déclare : “Mohamed Benchicou est un homme de conviction, d'envergure et de courage qui a le sens de l'équilibre. Homme de rigueur, il impose le respect par son intégrité et sa compétence, sa qualité intellectuelle, humaine et la sincérité de ses convictions. Il a du talent, de la culture politique et de l'habilité.” Aussi le vieux routier des luttes démocratiques appelle-t-il la société civile à “demeurer en état d'alerte” et à “rester mobilisée” pour obtenir la libération de Benchicou. Il demande aussi “la levée des obstacles qui empêchent la réapparition du journal Le Matin”. Tout en exprimant son inquiétude de “la gravité exceptionnelle” que revêt la situation des droits de l'Homme en Algérie, Ali Yahia Abdenour considère que “la première urgence” est “de mettre fin à la répression qui frappe les journalistes et qui atteint avec les dernières condamnations en série l'inacceptable qui ne peut être accepté et l'intolérable qui ne peut être toléré”. Hommage est aussi rendu à Hakim Laâlam qui venait de recevoir le prix Benchicou, et à Florence Aubenas qui venait d'être libérée après 5 mois de captivité. A. C.