Les maires de grandes métropoles réunis à Mexico du 30 novembre au 2 décembre 2016 ont pris l'engagement de doter leurs villes, d'ici à 2020, d'un plan d'action climat qui permettrait de contenir les augmentations des températures en deçà de 1,5°C. Après dix années d'existence, le Cities Climate Leadership Group (C40) regroupe aujourd'hui 86 grandes villes de tous les continents (Accra, Addis-Abeba, Le Caire, Johannesburg, Lagos et Dakar pour l'Afrique). Leur action vise à "bousculer" les Etats pour des politiques plus vigoureuses dans le domaine de l'environnement et tout particulièrement la limitation des émissions de gaz à effet de serre (GES) et la pollution de l'air. L'objectif étant de limiter la hausse de la température à la fin du siècle à 1,5°C au lieu des 2°C consignés dans l'Accord de Paris lors de la CoP21 en décembre 2015. Pour ce faire, les maires de ces grandes métropoles réunis à Mexico du 30 novembre au 2 décembre 2016 ont pris l'engagement de doter leurs villes, d'ici à 2020, d'un plan d'action climat qui permettrait de contenir les augmentations de températures en deçà de 1,5°C. En succédant officiellement à la présidence du C40, le 1er décembre, à Eduardo Paes, l'édile de Rio de Janeiro, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a déclaré : "Aujourd'hui, nous n'avons plus le temps d'attendre, de spéculer ou de prospecter." Elle a de ce fait dénoncé le "scepticisme" dont font preuve certains chefs d'Etat et la "lâcheté" qui caractérise d'autres, ajoutant que "les villes sont l'avant-garde du changement, il ne nous reste plus qu'une chose à faire : agir". Après cette réunion, le C40 rassemble désormais 90 villes, avec Medellin (Colombie), Dakar (Sénégal), Montréal (Canada) et Kuala Lumpur (Malaisie) qui ont rejoint l'organisation durant le sommet à Mexico, cela représente au total une population de 650 millions de personnes et 25% du PIB mondial. Côté décisions, le rapport rendu public jeudi (c40.org/researches/deadline-2020) rappelle qu'"un tiers des émissions de GES dans le monde est l'œuvre des grandes villes (infrastructures, urbanisme, transports...)". Le document souligne que les grandes villes doivent rapidement réduire de moitié leurs émissions de GES. Car rester sous 1,5°C suppose qu'elles fassent tomber les émissions par habitant et par an qui sont aujourd'hui de 5 t équivalent CO2 à 2,9 en 2030, puis 0,9 en 2050. Les maires de Paris, Mexico, Madrid et Athènes ont annoncé dans un communiqué commun leur intention de se débarrasser totalement des véhicules diesel d'ici 2025, "afin d'améliorer la qualité de l'air pour les citoyens". Décarbonner les transports, en investissant dans les modes plus propres et réduire le trafic au moyen d'aménagements et de réorganisation des activités constituent un levier essentiel de réduction de GES. On s'attend à ce que d'autres villes emboîtent le pas à ces quatre capitales. Un autre axe du rapport concerne l'énergie, les déchets, les infrastructures et l'urbanisation. Le cap est mis sur la production locale d'énergies renouvelables, les circuits d'économie circulaire (réutilisation et recyclage) pour la collecte et le recyclage des déchets et des plans de rénovation des bâtiments pour une moindre consommation d'énergie. Voulant mettre les chances de réussite de leur côté, les maires proposent des trajectoires à la carte, c'est-à-dire adaptées à chaque métropole. Les plus riches et polluées comme New York, Londres, Melbourne... doivent agir énergétiquement. Les plus fragiles (Quito, Le Cap, Durban...) dans un peu plus de temps. Alger prendra-t-elle exemple sur Mexico ? Alger n'a pas (encore ?) rejoint ces métropoles qui ambitionnent à un mode vie plus propre pour leurs habitants. La capitale croule sous un trafic routier générateur de désagréments, de pertes économiques et d'une qualité de l'air des plus médiocres. Pourtant cette situation n'est pas une fatalité. La ville de Mexico donne l'exemple. La capitale du pays des Aztèques compte 21 millions d'habitants (10 millions plus les zones métropolitaines), près de 6 millions de véhicules circulent quotidiennement (un rapport de la Commission des droits de l'homme de Mexico – CDHDF – datant de 2008 évalue à 80% les émissions de GES produites par les transports du total de l'activité). De plus, sa situation géographique ne lui confère pas de couloirs ouverts, c'est une vallée entourée de montagnes et de volcans, de sorte qu'elle se retrouve fréquemment sous un épais smog (mélange de polluants atmosphériques) de particules. Après avoir institué des restrictions de circulation pour les véhicules les plus polluants, développé des pistes cyclables et vélos en libre-service et la gratuité des transports en commun dans les cas d'alerte-pollution, la ville, par le bais de son maire, passe à une étape supérieure pour éradiquer l'utilisation des véhicules diesel et essence : la ville n'attribuerait plus de concessions aux minibus et taxis fonctionnant au diesel ou à l'essence (au profit des bus et taxis hybrides et électriques). C'est connu, dans le domaine de l'environnement, la réglementation et les normes ont leurs limites. Les comportements des agents économiques sont plus sensibles "au porte-monnaie" à condition de travailler à l'acceptabilité sociale par l'administration et la libéralisation du tissu associatif. Enfin le rapport Deadline-2020 évalue l'ensemble des mesures par les villes dans les quatre années à venir. Cela requiert un investissement de 375 milliards de dollars. "Les moyens financiers existent, mais aujourd'hui ils ne contribuent pas ou pas assez à la transition écologique et énergétique. Nous avons besoin des citoyens, du secteur privé, nous devons entraîner les leaders de la finance mondiale à nous suivre", a conclu Anne Hidalgo, qui ajoute : "Cet investissement crée des emplois, soutient la croissance d'industries naissantes, améliore la qualité de vie et la santé des citoyens, tout en protégeant le climat mondial." Alger saura-t-elle faire financer et bénéficier de l'expertise de ce groupe dans le cadre du nouveau PDAU ? R. S.