C'est un Chakib Khelil confiant qui s'est présenté, hier, à Bouira, afin, "officiellement", d'animer une conférence sur les perspectives économiques du pays et de préparer l'après-pétrole. Cependant, l'ex-ministre de l'Energie et des Mines s'est longuement étendu sur "sa vision" de l'Algérie et "ses méthodes", qui pourraient, selon lui, redresser le pays durant les 5 ou 6 ans à venir. Autrement dit, le temps d'un quinquennat et plus... En effet, Chakib Khelil, après avoir dressé un état des lieux de l'économie nationale, disant qu'elle est atteinte du "syndrome des Pays-Bas", a exposé ce qui s'assimile fortement à un programme économique, basé sur sa "longue expérience" et ses hautes fonctions au sein de la Banque mondiale. Selon l'hôte de Bouira, il est "primordial" de diversifier l'économie du pays en investissant dans l'agriculture et surtout l'industrie. "Nous avons les potentialités humaines et techniques pour produire et non pas monter des véhicules en Algérie, nous avons également toutes les compétences nécessaires pour produire la poudre de lait et l'exporter et nous avons aussi la technique nécessaire pour booster l'industrie pharmaceutique et faire de notre pays un leader régional et continental", a-t-il affirmé. Et d'ajouter : "Je propose également de baisser de manière progressive la production pétrolière afin de sauvegarder ce qu'il reste de cette richesse, laquelle est vouée, tôt au tard, à se tarir." Dans le même ordre idées, l'orateur fera connaître sa "vision" de l'Algérie sur la scène internationale, en déclarant qu'"il est favorable à l'accroissement et à la multiplication des relations panafricaines" qui sont, selon lui, l'unique issue d'"exporter" le futur modèle économique de l'Algérie. L'ex-ministre répondra volontiers à la question des journalistes présents sur sa vision du modèle social du pays. Pour lui, il faudrait une "refonte totale" de ce modèle, lequel est voué à l'échec. "Je considère que la fin des subventions de l'Etat est inévitable ! Mes propos ne vont pas plaire à tout le monde, mais ils sont réalistes. (...) Très franchement, je ne crois pas à l'équité sociale au sens strict du terme. Je crois à une meilleure distribution des richesses et des valeurs de l'effort et du travail", a-t-il martelé. Et de citer l'exemple du Pérou sous la présidence d'Alberto Fujimori, qui a subitement supprimé les subventions, ce qui avait donné lieu à une levée de boucliers générale. Chakib Khelil considère "sa" politique en la matière comme étant un "mal nécessaire". Egal à lui-même et évitant la polémique, l'intervenant a soigneusement évité de se fâcher avec le gouvernement actuel. Ainsi, interrogé par Liberté sur ce qu'il pensait de la gestion de la crise économique par le gouvernement Sellal, Khelil esquivera en indiquant : "S'il partage ma vision des choses, je n'ai aucune raison de ne pas être d'accord." Comprendre qu'il n'est pas entièrement en accord avec la politique menée car elle est aux antipodes ce qu'il propose. Même avis sur la loi de finances 2017, votée récemment. "Je n'ai pas d'avis sur le sujet, car ni moi ni vous (journalistes, ndlr) ne l'ont eue entre les mains pour pouvoir apporter un jugement pertinent." Enfin, Chakib Khelil plaidera pour "l'implication massive" de la société civile dans les grandes décisions du pays. RAMDANE BOURAHLA