"Cette malformation congénitale a une incidence en Afrique du Nord de 1,55 pour 1000 alors que l'Algérie se trouve en tête de cette partie du continent avec 1,64 pour 1000, soit avec un taux légèrement supérieur à celui des pays voisins". Les défis de l'approche pluridisciplinaire de l'enfant porteur d'un spina-bifida, constituent l'axe central de la première rencontre internationale dédiée à cette maladie congénitale, organisée, le week-end dernier, à l'auditorium du campus d'Aboudaou par l'Association des parents et malades atteints de spina-bifida de la wilaya de Béjaïa en collaboration avec la faculté de médecine de l'université Abderrahmane-Mira. Placée sous le thème générique "le spina-bifida et l'approche institutionnelle", cette manifestation scientifique, première du genre dans la région, a vu la participation de nombreux professionnels de la santé, dont des médecins spécialistes venus de différentes régions du pays, mais aussi du Maroc et de Tunisie. Pas moins d'une quinzaine de communications et une table ronde sur les moyens préventifs et l'approche thérapeutique de cette pathologie ont été au menu de cette journée scientifique. Les débats engagés lors de cette rencontre ont fait ressortir qu'au Maroc et en Tunisie, on pratique une intervention sur le spina-bifida tous les deux mois, alors qu'en Algérie, on opère deux à trois cas de spina-bifida en une semaine. "Cet écart s'explique par l'absence d'un dispositif de prévention en Algérie", a souligné le professeur Tliba, doyen de la faculté de médecine et chef de service de neurochirurgie au CHU Khellil-Amrane de Béjaïa. Intervenant sur "les dysgraphies spinales" et la présentation du projet de recherche sur le spina-bifida, ce spécialiste en neurochirurgie affirmera que "cette pathologie constitue un véritable problème de santé publique en Algérie", avant d'ajouter que "celle-ci est une maladie assez précoce qui se manifeste sous forme d'une ouverture prématurée de la colonne vertébrale." Selon l'orateur, bien que cette pathologie ait été découverte récemment, il n'en demeure pas moins qu'elle existait déjà au temps des Pharaons. Pour le Pr Tliba, le meilleur traitement reste préventif, notamment par un supplément systématique en acide folique avant et pendant la grossesse. Pour sa part, le professeur Sahraoui K., du CHU de Blida, s'étalera sur la prise en charge des malades atteints de spina-bifida, rappelant, au passage, que "cette malformation congénitale a une incidence en Afrique du Nord de 1,55 pour 1000 alors que l'Algérie se trouve en tête de cette partie du continent avec 1,64 pour 1000, soit avec un taux légèrement supérieur à celui des pays voisins." Le conférencier abordera ensuite les différents principes de traitement de cette maladie, citant notamment les interventions chirurgicales pratiquées déjà sur des malades atteints de spina-bifida, tels que les lambeaux musclo-cutanés, les lambeaux perforants pour la greffe etc. Par ailleurs, le professeur Abdelmalek Danoune, directeur général du CHU de Béjaïa, expliquera que "si les interventions chirurgicales durent entre trente minutes et deux heures pour les cas de spina-bifida, l'approche multidisciplinaire peut durer des années." KAMAL OUHNIA