L'affaire du produit RHB et l'ouverture d'une "clinique" pour la roqia à Relizane révèlent, à elles seules, le degré de dépérissement des institutions. Les scandales se suivent et se ressemblent dans le pays et le gouvernement semble continuer à vaquer à ses occupations sans montrer le moindre signe de nervosité comme si rien ne s'était passé. Pourtant e tintamarre a dépassé les frontières du pays et certaines des affaires traitées en long et en large par la presse nationale se sont vite invitées sur les plateaux des chaînes de télévision étrangères. L'image de l'Etat s'en trouve écornée et l'opinion nationale, abasourdie face à l'incurie des institutions, n'arrive toujours pas à comprendre comment la gestion des affaires publiques a-t-elle pu atteindre un tel degré de déliquescence. Et comme l'imposture se retrouve à bousculer l'esbroufe, la crise morale, qui s'est abattue sur le pays cette dernière décennie, montre désormais toute sa hideur. Le charlatanisme qui, de manière ostentatoire, a pris le pas sur la raison, a visiblement trouvé un terrain défriché pour se développer. Le comble est que toutes ces mascarades se déroulent sous le regard impassible des autorités du pays. Rares d'ailleurs ont été les responsables, au niveau de toutes les institutions, à s'en émouvoir. Les deux derniers scandales enregistrés, celui du produit prétendument présenté comme antidiabétique, connu sous l'acronyme RHB, et la "clinique" de roqia ouverte à Relizane par un personnage sans aucun lien avec la médecine, révèlent à eux seuls le degré de dépérissement des institutions. Il ne s'agit pas, ici, de blâmer les auteurs directs de ces forfaitures. La responsabilité en incombe, en effet, à ces institutions qui se sont montrées soit crédules, soit directement complices de ces épisodes pour le moins nauséabonds et néfastes pour l'image d'un pays qui se dit émergent. Et le plus ahurissant est que, jusqu'ici, la galéjade ne surprend plus personne alors qu'elle prend des relents de vraie comédie où les acteurs semblent se complaire parfaitement dans leurs rôles. Comble du mépris, certains ministres, directement concernés par ces scandales, continuent d'accueillir les questions et critiques de la presse et des citoyens avec le sourire. Il faut dire que lorsqu'un ministre de la République, à savoir celui de la Santé, s'implique sans réserve dans la promotion commerciale d'un produit qui n'a jamais été soumis à la batterie de contrôles et de tests indispensables en la matière, c'est que, pour paraphraser l'immense Shakespeare, il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark. C'est que, aussi, la crise morale qui s'est abattue sur le pays a encore de beaux jours devant elle. Il ne s'agit pas non plus de pointer du doigt uniquement le secteur de la santé, quand bien même il se trouve aux premières loges de la gestion de ce dossier. Car, faut-il le préciser, l'incurie n'a épargné aucun secteur. Et si l'on prend en considération l'ampleur de ces affaires et l'implication grossière de certains médias, on peut avancer que l'arnaque est finalement de plus grande ampleur et le mal plus profond qu'on pourrait le croire. Ce qui s'est passé au Centre international des conférences lors du Forum africain d'investissements et d'affaires, la tragique disparition du journaliste Mohamed Tamalt, les multiples atteintes aux droits de l'Homme ne sont, au final, que l'expression d'un état de délabrement avancé des institutions. H. Saïdani