Il y avait beaucoup d'émotion et de larmes de fierté, hier matin, au salon d'honneur de la wilaya de Tizi Ouzou, où une délégation de descendants d'anciens déportés de la Nouvelle-Calédonie, a été reçue par le wali de Tizi Ouzou, M. Hocine Ouadah. Aux côtés de Aïfa Tayeb, originaire d'El-Eulma et de Boufenache Abdelkader dont les ancêtres sont originaires d'El-Milia (wilaya de Jijel), l'hôte du jour était bien Christophe Sand, un archéologue et chercheur bien connu à Nouméa, qui venait retrouver la terre sacrée de ses ancêtres originaires du village d'Agraradj dans la commune d'Aghrib. Après avoir reçu des bournous traditionnels et divers autres objets artisanaux en guise de présents et de signes d'accueil fraternel et d'hospitalité, les trois hôtes de la Kabylie avaient bien du mal à exprimer leur bonheur et surtout leur émotion de visiter l'Algérie profonde. “Avant de quitter Alger, en direction de Tizi Ouzou, j'avais bien du mal à réaliser que j'allais découvrir enfin la Kabylie de mes ancêtres”, nous a avoué Christophe Sand. En cours de route, je n'ai pu m'empêcher de téléphoner spontanément à une de mes tantes installées en Nouvelle-Calédonie pour lui faire part de mon bonheur et elle a aussitôt éclaté en sanglots, dira encore Christophe avec de grosses larmes sur les joues. “Mon arrière-grand-père faisait partie de la bande de Ourezki El-Bachir, ces gens que les forces coloniales considéraient comme des “bandits d'honneur” mais qui étaient, en fait des vieillards citoyens qui luttaient à l'époque pour protéger leur terre et se rebeller contre l'injustice et la répression. J'ai retrouvé dans les archives françaises d'Aix-en-Provence que mon arrière-grand-père a été arrêté en 1895 et déporté en 1896 en Nouvelle-Calédonie. De tels moments sont inoubliables car ils constituent une véritable réconciliation avec l'histoire”, dira enfin Christophe Sand avant d'effectuer, aux côtés de ses compagnons, un véritable pèlerinage à Agraradj, la terre promise des Ath-Djenad pour une nouvelle page d'histoire. M. H.