Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, entame, aujourd'hui, une visite à Washington où il espère obtenir de la part de Bush des pressions sur Israël pour relancer le processus de paix. Auréolé par des élections municipales qui ont réduit Hamas à sa juste valeur, Abbas sera reçu, jeudi, à la Maison-Blanche qui avait été interdite à Arafat, qualifié par Bush de terroriste. La rencontre intervient à deux mois du retrait prévu par Sharon de la bande de Gaza, à un moment où tout risque de déraper avec la menace de flambée de violence qu'agite l'extrême droite israélienne. Abbas va exposer tout ce qui a été réalisé par les Palestiniens : la trêve avec Israël, les réformes sécuritaire et juridique et la consolidation de la démocratie à travers les élections. Selon son conseiller pour les affaires de sécurité, Rajoub, il va également évoquer les sujets qui fâchent, telles les violations israéliennes qui sapent les efforts destinés à ramener le calme et relancer les négociations ou encore les assurances que Bush avait données à Sharon pour qu'il n'y ait ni retrait israélien jusqu'aux frontières de 1967 ni retour des réfugiés palestiniens sur leurs terres. Abbas, avant de se rendre à Washington, a sillonné le monde où il a recueilli des soutiens encourageants. Il va interpeller Bush et lui expliquer de vive voix qu'un Etat palestinien indépendant est la meilleure garantie de stabilité dans la région et un facteur essentiel dans la lutte contre le terrorisme, qui est alimentée par l'occupation israélienne dont est victime le peuple palestinien. L'absence d'une perspective politique maintient la région dans un cercle vicieux, devra-t-il rappeler au président américain soucieux de sortir du bourbier irakien et de calmer la grogne que ses actions n'arrêtent pas de susciter au sein des opinion arabes et musulmanes. Bush devrait comprendre, selon l'entourage de Abbas, que le niveau de confiance entre Israël et les Palestiniens est à zéro, d'où la nécessité de son intervention auprès de Sharon. Les contextes régional et international sont favorables à une implication américaine accrue pour dissiper la tension, estime-t-on dans les milieux diplomatiques. Le négociateur palestinien en chef, Erakat, estime, pour sa part, que la visite de Abbas est décisive car la trêve et le processus de paix dans l'ensemble sont menacés d'effondrement. Il faut une réelle intervention américaine pour mettre fin à la détérioration et faire appliquer la feuille de route, n'arrête-t-il pas d'avertir. Avant de s'envoler vers les Etats-Unis, Abbas a révélé qu'il adresserait à Bush deux exigences : un soutien politique à l'application de la feuille de route parrainée par la communauté internationale et l'ONU et un soutien à l'économie palestinienne. D. Bouatta