Pendant que certains partis de la mouvance islamiste, à l'image du FJD d'Abdallah Djaballah et Ennahda, travaillent à des fusions organiques et d'autres à des compositions électorales, un parti, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) semble ne plus savoir sur quel rivage accoster. Pendant que sa direction témoigne, du moins dans le discours, sa fidélité à la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD), une congrégation de partis de l'opposition, son ancien président, Aboudjerra Soltani, un ancien ministre, qui a mal cuvé apparemment sa déshérence dans les escarpements sinueux de l'opposition, ose des intermédiations avec les partis proches du pouvoir. Pourtant rappelé à l'ordre plus d'une fois, Soltani semble faire exprès de récidiver, défiant ainsi l'autorité d'Abderrezak Makri. Hier, il est allé chez Ould Abbes pour l'informer de la situation politique qui prévaut dans le pays. On aurait pu considérer cela comme sur une visite de courtoisie pour des vœux de fin d'année si le secrétaire général du FLN n'avait pas souligné, l'air bien content, que la rencontre entre les "deux amis" s'est soldée par la retenue du principe, voire la programmation d'une rencontre formelle entre les deux états-majors du FLN et du MSP. Une annonce qui laisse comprendre que la direction du MSP a donné son aval pour cette rencontre, sinon Ould Abbes ne se serait pas risqué à en faire cas devant la presse. C'est d'autant plus vraisemblable que le MSP avait eu déjà à se rendre disponible pour des consultations avec des entités officielles. En juillet 2015, son président a été reçu en audience par le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia. Abderrezak Makri a dû s'expliquer sur ce que les médias avaient interprété comme un pas vers une désertion du camp de l'opposition, en affirmant notamment que "c'est pour essayer de convaincre. Nous avons un message à communiquer et nous avons une vision politique à exprimer. On veut être écouté et convaincre les autorités de notre approche. C'est tout à fait logique. Il n'y a rien d'étrange". De son côté, la CLTD, à qui la question avait été posée, a estimé que ses membres gardaient toujours la souveraineté et l'autonomie en matière d'engagements partisans. La page a été tournée en douce. Mais cette fois, il est question, à en croire Djamel Ould Abbes, d'aller "la main dans la main pour les élections". Ce qui est tout de même troublant, c'est qu'en la matière, le MSP est signataire d'un document qui l'engage avec la CLTD, une entité avec laquelle il a, jusqu'ici, partagé les appréhensions quant à une fraude au profit des partis et clientèles du pouvoir. Ce qui est inattendu aussi, c'est que c'est Soltani qui semble chargé des intermédiations politiques. Un Soltani qui ne fait pas mystère de son désir de re-fréquenter le pouvoir. Sofiane AIt Iflis