Les deux narcotrafiquants ignoraient qu'ils étaient surveillés et filés par les éléments des services de sécurité. Anciennement propriétaire d'une agence de location de voitures à Béni Ounif, wilaya de Béchar, A. Lahcène, 37 ans, et R. Slimane, 47 ans, homme à tout faire habitant dans la même localité de Béni Ounif, ont été condamnés, dimanche à Oran, à 20 ans de réclusion criminelle pour trafic de drogue. Les deux hommes ont été arrêtés à l'aube du 20 mars 2015 alors qu'ils s'apprêtaient à charger 570 kg de résine de cannabis à bord d'un pick-up de marque Toyota Hilux qu'ils avaient acheté quelques semaines plus tôt grâce à une précédente opération (transport de 5 quintaux de kif) qui leur avait permis de gagner 200 millions de centimes. Ce vendredi-là, à 5h00, alors qu'ils commençaient à entasser dans le pick-up les 22 paquets de kif que leurs contacts marocains avaient introduits sur le territoire algérien, Lahcène et Slimane ont été surpris par des tirs de sommation de militaires qui se trouvaient en embuscade dans cette zone de Oued Zerdeb, distante de quelque 50 km de la frontière avec le Maroc. Les deux narcotrafiquants ignoraient qu'ils étaient surveillés et filés par les éléments des services de sécurité. Ainsi, arrêtés en flagrant délit, ils ne pourront que reconnaître les faits et coopérer avec les services de sécurité pour espérer l'indulgence de la justice. Les enquêteurs voulaient mettre la main sur B. Brahim, véritable interlocuteur des fournisseurs marocains et courroie de transmission entre les membres de ce que les militaires considéraient comme un réseau transnational de trafic de drogue. Lahcène acceptera d'attirer Brahim dans le piège tendu le lendemain, mais l'opération tournera court. Par un singulier concours de circonstances, les militaires tomberont sur un trafiquant d'armes qu'ils abattront avant de récupérer une importante quantité d'armes de contrebande. Brahim profitera de la confusion pour prendre le large et disparaître des écrans radar. Lahcène, Slimane et D. Moumène, troisième complice présumé, arrêté par la suite, seront écroués et inculpés pour importation, stockage et transport de cannabis en bande organisée. Lors de leur procès aux assises (en l'absence de D. Moumène, décédé en prison), les deux prévenus reconnaîtront avoir trempé dans le trafic de drogue à l'occasion de trois opérations, en janvier, février et mars 2015. "Lors de la première opération, nous avons transporté 500 kg de kif de Oued Zerdeb à Oued Namous, ce qui nous a permis de gagner 200 millions de centimes. En février, nous devions convoyer 10 quintaux mais l'opération a été annulée et, enfin, en mars, nous avons été arrêtés", rappellera Lahcène en tentant d'amadouer la cour. "J'étais menacé : soit j'exécutais les ordres, soit on s'en prenait à mes deux enfants. C'est vrai que, la première fois, j'ai été attiré par l'argent facile, mais après, on avait menacé de porter atteinte à mes enfants". Dans un réquisitoire accablant, le ministère public requerra la prison à perpétuité. La défense, de son côté, plaidera la requalification des accusations en "tentative" de transport de stupéfiant. Mais au final, la cour décidera que Lahcène, Slimane et Brahim étaient coupables des chefs d'accusation pour lesquels ils étaient poursuivis. Les deux premiers écoperont de 20 ans de réclusion criminelle, alors que le troisième sera condamné à perpétuité par contumace.