En fouillant les deux véhicules (un fourgon et une berline de luxe), les services de sécurité découvrent les 33 quintaux de kif sous forme de plaquettes portant le sceau FJ. Les membres d'un réseau de narcotrafiquants activant dans la région ouest du pays ont été condamnés, ce mardi, à des peines allant de 20 ans à la perpétuité par le tribunal criminel d'Oran. L'affaire commence en 2013 lorsque les frères Khaldi, Rachid dit Aouita et Fethi, narcotrafiquants notoirement connus comme étant des importateurs de cannabis marocain, organisent une opération de transport de 33 quintaux de kif entre Souani, petite localité de Tlemcen, et Oran. Ils recrutent une dizaine de jeunes éclaireurs pour sécuriser un itinéraire qu'ils ont voulu le plus long et le plus compliqué possible afin d'éviter les barrages qu'ils savent fréquents dans la région. Ce qu'ils ignorent, cependant, c'est que l'information était remontée aux services de sécurité qui bouclent l'ensemble des issues de la wilaya de Tlemcen. Le jour J, le convoi conduit par les deux frères (chacun conduisant un véhicule bourré de cannabis) réussit à éviter tous les écueils jusqu'à El Amria où ils tombent sur un barrage de la sécurité. La panique s'empare des narcotrafiquants : les éclaireurs se perdent dans la nature à bord de leurs voitures et les frères Khaldi abandonnent leurs véhicules et s'enfoncent dans la forêt. En fouillant les deux véhicules (un fourgon et une berline de luxe), les services de sécurité découvrent les 33 quintaux de kif sous forme de plaquettes portant le sceau FJ. S'ils connaissaient le jour de transfert de la drogue, les services de la gendarmerie ignorent, en revanche, tout de l'identité des narcotrafiquants. Ils décident, donc, de recourir aux nouvelles technologies et d'analyser les communications téléphoniques de ce jour-là dans la zone comprise entre Souani et El Amria. Ils constatent qu'un nombre inhabituel d'appels a été émis et reçu par certains numéros au moment où le transport de la drogue avait lieu. Ils vérifient chaque numéro, déterminent l'identité de chaque propriétaire de la puce correspondante, interrogent certains d'entre eux jusqu'à ce qu'ils tombent sur B. Aïssa qui s'avèrera, par la suite, être le seul à avoir utilisé son propre numéro. Interrogé (il dit avoir être tabassé par la gendarmerie), il reconnaît avoir fait partie du groupe de transport de cannabis et donne les noms de ses complices. De fil en aiguille, les enquêteurs déterminent que la marchandise appartenait aux frères Khaldi, -objets de sept mandats d'arrêt- qui vivaient sous de fausses identités à Maghnia. Certains seront arrêtés immédiatement alors que d'autres seront pourchassés dont Souani Lahcène, également recherché dans le cadre de plusieurs affaires liées au trafic de drogue. Mardi dernier, dix personnes, à l'exception des commanditaires toujours en fuite, comparaissent devant la cour criminelle d'Oran pour importation, stockage et transport de drogue en bande organisée. Hormis B. Aïssa qui reconnaîtra les faits, tous nieront, certains avec véhémence, les accusations portées contre eux. Le ministère public, pour lequel les faits sont avérés, soulignera la gravité des charges et requerra la perpétuité pour l'ensemble des inculpés. Après les plaidoiries du collectif des avocats, la cour condamnera les accusés (dont trois devront être jugés à Oran et Tlemcen pour d'autres affaires de trafic) à 20 ans de réclusion criminelle et les fuyards à la perpétuité. Un inculpé écopera de cinq ans de prison : il avait eu le malheur de confier son téléphone à un cousin narcotrafiquant. S. Ould Ali