Dans son plan anti-crise, le gouvernement Sellal a opté face à la crise financière pour la rationalisation ou la réduction des importations via entre autres un instrument : les licences d'importation. La mesure qui touche jusqu'ici trois produits : le véhicule particulier, le ciment et le rond à béton devait entrer application le premier janvier 2016. En fait, pour l'automobile, on a commencé à attribuer les licences d'importation à partir de mars 2016. Mais le marché était déjà perturbé en 2015 du fait de l'institution d'un cahier de charges que devait respecter les concessionnaires. Le grand cafouillage régnait : le ministère de l'Industrie bloquant les importations, les distributeurs de véhicules étaient inquiets pour leur activité, incapables d'honorer les commandes des particuliers et des entreprises. Cette situation a perduré jusqu'en 2016, où on institua les quotas au profit de 40 concessionnaires, au total le feu vert à l'importation de 80 000 véhicules. Alors que quelques années auparavant, les concessionnaires importaient 500 000 véhicules par an. Ce rationnement va favoriser la pénurie de véhicules en 2016, l'offre de Renault Algérie (production à Oran), une capacité de 50.000 véhicules/an, étant nettement insuffisante. Une fois mis en place cet instrument, les annonces se multiplient : les concessionnaires retenus qui n'ont pas de projet industriel dans le montage de véhicules ou la fabrication de pièces de rechange ne pourront importer de véhicules en 2017. Le ministère de l'Industrie avertit que le dernier délai pour la présentation du dossier est fin 2016 et que la date ne sera pas prorogée. Du coup, plusieurs dossiers sont déposés en 2016. Certains concessionnaires profitant de l'appui du ministère de l'Industrie sont en avance : Cima Motors en novembre 2016, met en service une usine de montage de véhicules Hyundai, Sovac conclut un accord pour le montage de véhicules Volkswagen dont les premiers modèles devront sortir de l'usine de Relizane en 2017, Peugeot, Nissan et Suzuki notamment sont sur le point d'imiter Renault. L'institution de la licence d'importation va permettre une redistribution des cartes au profit de Renault, Sovac et Cima motors et au détriment d'autres concessionnaires auparavant parmi les leaders du marché à l'instar de Toyota. Le rationnement porté à un degré élevé en 2016 risque d'être plus sévère en 2017. L'Algérie ne pourra importer que 50 000 véhicules. Le complément devra être apporté par les usines de montage de véhicules qui seront plus nombreuses en 2017. Toute cette situation a non seulement encouragé la pénurie de voitures mais a entraîné une hausse du coût des véhicules d'au moins 20% et une baisse chronique d'activité du marché automobile qui a obligé maints concessionnaires à fermer des showrooms et donc à licencier des milliers de travailleurs chargés de la vente de véhicules et du service après-vente. Pour le ciment, presque le même topo, l'importation de 1 million de tonnes via les licences d'importation au premier semestre 2016 a entraîné la pénurie de ce matériau de construction et partant une flambée des prix. À noter que l'annonce de l'importation en six mois d'un million de tonnes a eu pour effet une hausse des prix du ciment sur le marché international. Idem pour le rond à béton. K. R.