Industrie automobile et marché automobile sont deux concepts qui semblent ne pas aller de paire en Algérie. Alors que l'année 2017 est placée sous le signe du renouveau de l'industrie automobile avec plusieurs projets qui seront réceptionnés, 2017 sera celle du rétrécissement du marché automobile. Signe de ce rétrécissement, le report, plus que probable, de la 20e édition du Salon international de l'automobile d'Alger (SIAA), prévu pour le mois de mars 2017. Le report de cet événement au deuxième semestre de 2017 est dicté par des impératifs liés à la disponibilité du produit, la visibilité du marché quant à l'octroi des agréments, des licences et des quotas d'importation. Ceci pour l'année 2017. Pour les autres années qui viennent, le marché automobile algérien devrait continuer à connaître des bouleversements importants. Ce sera des importations de véhicules soumises à quotas dont la quantité va être pilotée étroitement par les pouvoirs publics. Parallèlement, on devrait assister à la montée en puissance d'une production locale censée se substituer progressivement aux importations et même, peut être, dégager des excédents à l'exportation vers les marchés régionaux. Et c'est justement cette redistribution des cartes qui fait que les constructeurs, pour conserver leur place sur le marché algérien, se sont décidés à commencer à installer des usines de montage en Algérie. Alors que l'exigence de lancer une activité industrielle ou semi-industrielle en matière d'automobile avait été imposée par la loi de finances 2014, les concessionnaires ont attendu le mois de juin dernier pour disposer du cahier des charges relatif cette l'activité. Depuis, certains projets sont en cours de lancement alors que d'autres sont encore en phase de maturation. Certains ont même pu être lancés en un temps record. Au rythme où vont les choses, l'on s'achemine vers une configuration qui donne autant d'usines que de marques présentes sur le marché. Est-ce la bonne stratégie ? La réponse à cette question n'est pas donnée par le ministère de l'Industrie pour lequel le seul détail qui compte est d'atteindre une production nationale de 500 000 unités/an à l'horizon 2020. Autre sujet qui nécessite clarification : le taux d'intégration. Sur le sujet, le ministère se contente d'évoquer un taux d'intégration locale de 42% au bout de 5 années d'activité. Comme l'expliquait récemment l'ex-PDG de la SNVI, Mokhtar Chahboub, sur le plateau de la webradio Radio M, les usines d'assemblage ne peuvent qu'être une étape dans l'industrialisation. La phase SKD est une étape incontournable dans la création d'une industrie automobile en Algérie, mais il faut aller rapidement vers les autres phases que sont le CKD notamment pour ne pas se retrouver avec un produit en dessous du taux d'intégration locale recommandé. Pour ce faire, il faut arriver à amener les constructeurs à se faire accompagner par leurs équipementiers qui constitueront eux mêmes en Algérie leurs réseaux de sous-traitants. Mais là, les choses bloquent puisque la taille modeste du marché algérien n'attire pas les équipementiers automobiles. En effet, il faut des volumes importants, au moins 100 000 véhicules par an. Ce qui n'est pas le cas en Algérie, du moins pour le moment. Et à défaut d'un réseau de sous-traitants de qualité, l'Algérie se contenterait d'importer les pièces de rechange, ou plus exactement des voitures fabriquées à l'étranger, avant d'être démontées, puis assemblées dans les usines locales. S. S.