Le tribunal de Bir Mourad Rais a rendu hier son verdict dans le procès des étudiants de Ben Aknoun, condamnant deux d'entre eux à une année de prison avec sursis et trente autres à quatre mois de prison avec sursis. L'affaire a été jugée en audience le mercredi 9 mars, et les prévenus ont eu à répondre des chefs d'accusation d'“incitation à attroupement”, d'“attroupement” et de “séquestration de personne”. La représentante du ministère public avait alors requis des peines de deux ans de prison ferme contre Babi Achour, étudiant de quatrième année sciences politiques, et Lardjimi Farid, deuxième année sciences de la mer, d'une part, deux mois de prison ferme contre chacun de leurs trente camarades. À la faveur de ce verdict, Achour et Farid, qui se trouvaient sous mandat de dépôt à la prison d'El-Harrach depuis plus de deux mois, devaient retrouver leur liberté dès hier en début d'après-midi. À leur sortie du tribunal, et bien que sous le coup d'une condamnation qu'ils qualifient d'“injuste”, de “sévère”, voire de “scandaleuse” pour certains, les étudiants n'ont pas caché leur joie de “ne pas avoir à croupir dans une cellule à El-Harrach” et surtout leur bonheur, disent-ils, de “retrouver enfin Achour et Farid qui, eux, ont déjà lourdement payé”. La genèse de l'affaire remonte au 13 décembre dernier. Ce jour-là, les forces de l'ordre avaient procédé à l'arrestation de six étudiants, dont Merzouk Hamitouche. Ils étaient accusés d'avoir, la veille, lors d'un mouvement de protestation, détruit des locaux de l'administration de la cité universitaire Taleb-Abderrahmane. Contrairement à ses camarades qui seront remis en liberté conditionnelle, Hamitouche sera maintenu en détention pendant 61 jours. C'est durant cette période, précisément dans la soirée du 10 janvier, que les étudiants avaient organisé un rassemblement dans l'enceinte de leur faculté, à Ben Aknoun (ex-ITFC), dans le cadre d'un mouvement de solidarité qui avait gagné d'autres villes universitaires, notamment Tizi Ouzou et Béjaïa. Cette action avait été durement réprimée par les forces de l'ordre qui, intervenant à la demande du recteur de l'université et du doyen de la faculté, avaient procédé à de nouvelles arrestations parmi les étudiants qui seront accusés d' “incitation à attroupement”, d'“attroupement” et de “séquestrer” le doyen. Des chefs d'accusation que les avocats de la défense, dont certains ont été constitués par les accusés et d'autres, comme Me Guenane Abdelmoutalib, par la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh) et d'autres encore par le FFS, s'étaient employés à démolir méthodiquement lors de l'audience du 9 mars. Le collectif de la défense compte faire appel du verdict rendu hier. “Un acquittement pur et simple est le seul verdict acceptable”, disait Me Guenane. F. L.