Sâfira est un prénom féminin d'origine arabe. Il provient de sâfira "qui se découvre et montre un visage éclatant", du verbe safara, dans le sens : briller, en parlant de l'aurore qui écarte le voile du jour. Saphira serait le nom d'une princesse algéroise au temps de la présence turque. D'après Tassy, qui rapporte son histoire, elle était l'épouse de Salim Toumi qui gouvernait Alger à l'arrivée des Turcs... Khair-Eddine fut reçu en grande pompe par Salim Toumi mais le corsaire avait résolu de s'emparer de la ville. Il fit étrangler son hôte et se proclama roi. Selon Tassy, Khair-Eddine s'était épris de l'épouse de sa victime, Zaphira (entendre Saphira) et maintenant qu'elle était veuve, il voulait l'épouser. Il lui écrit alors une lettre que Tassy rapporte ainsi : "Belle Zaphira, image du soleil, plus belle par tes rares qualités que par l'éclat radieux qui environne ta personne, le plus fier et le plus heureux conquérant du monde, à qui tout cède, ne cède qu'à toi ! Je fus extrêmement touché de ton affliction et de tes malheurs, mais mon cœur ressent encore plus vivement l'effet de tes charmes."Après l'avoir flatté, Khair-Eddine use de menace : "Ne crains pas que j'use de mon droit de souveraineté pour te forcer d'être à moi, mais je te conseille de me donner ton cœur de bonne grâce. Ton sort, belle Zaphira, fera envie à toutes les femmes du monde !'' Toujours selon Tassy, la princesse prit la lettre, elle la lut et, comprenant ce que le Turc voulait d'elle, elle se lamenta. Elle savait qu'il était le meurtrier de son époux et il la demandait en mariage ! Elle réfléchit longuement à la réponse qu'elle devait donner, puis elle lui répondit. Tout le monde disait que c'était lui qui avait assassiné son mari, l'épouser équivaudrait à devenir sa complice. Elle feignit de le croire innocent, mais comme elle devait se justifier, elle lui demanda de la laisser aller dans la plaine de la Mitidja pour pleurer son mari avec sa famille. Khair-Eddine accepta et lui dit qu'il allait venir la voir avant son départ. Elle se fit préparer une dose de poison et cacha un poignard sous sa robe. Dès que le nouveau maître d'Alger la vit, il s'empressa de lui dire son amour. Elle prit le poignard et le frappa, puis avala son poison. Elle mourut sur-le-champ et Khair-Eddine faillit perdre un œil ! . M. A. Haddadou [email protected]