C'est aujourd'hui que le Parti des travailleurs rendra publique sa décision quant à sa participation aux prochaines élections législatives. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a tiré à boulets rouges sur le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Hier, lors de l'ouverture de la première session du comité central pour l'année 2017, à l'Office du village des artistes de Zéralda, à Alger, Mme Hanoune a répondu en des termes virulents à Sellal, sans le nommer, qui avait déclaré, au lendemain des émeutes qui avaient touché plusieurs wilayas du pays, qu'il ne connaissait pas le printemps arabe. "Quand un haut responsable dit qu'il ne connaît pas le printemps arabe, c'est qu'il ignore l'avertissement de la rue. Si les citoyens de Béjaïa, de Tizi Ouzou ou encore de Bouira ont dénoncé l'anarchie et ont multiplié les appels au calme, cela ne veut nullement dire qu'ils cautionnent la politique du gouvernement. Moi, je lui dis qu'il pourrait y avoir d'autres explosions, d'autant que ce sont des adolescents qui ont allumé la mèche. Celui qui a ciblé cette région (Kabylie, ndlr) savait bien ce qu'il faisait." Qualifiant les derniers événements d'"appel à la désobéissance civile", la secrétaire générale du PT fait remarquer que "les meneurs des dernières manifestations sont anonymes. Il n'y avait ni organisation syndicale ni cadre légal. Ces événements n'ont rien à voir avec les revendications sociales, car la grève est un facteur de l'ordre. Les jeunes qui sont sortis dans la rue sont victimes de cette manipulation. Heureusement que les forces de l'ordre ont maîtrisé la situation et qu'il n'y avait pas mort d'homme ! C'est pour cela que notre parti se demande si ce gouvernement a tiré des leçons ou non ?" Tout en énumérant les malaises qui pourraient pousser les jeunes à investir la rue, Mme Hanoune avertit quant aux provocations du peuple auxquelles le gouvernement pourrait se rendre coupable. "Arrêtez de provoquer le peuple ! Toutes les politiques du gouvernement sont répressives. On risque d'aller vers la rupture si les ressorts de la société sont détruits. On n'arrête pas d'évoquer la main étrangère. Le gouvernement doit savoir que c'est le danger intérieur qui ouvre les portes au danger extérieur. La désertification sociale est à l'origine de la colère populaire. On a l'impression que les gouvernants ne vivent pas en Algérie. Le séisme des 2 et 3 janvier est passé par là. Le gouvernement doit cesser ses provocations (sortie de Sellal après le Conseil des ministres, ndlr)." Evoquant le pouvoir d'achat et la politique d'austérité, la patronne du PT a estimé que "les caisses ne sont pas vides. Pour l'oligarchie, elles sont pleines. Il y a beaucoup d'argent et on le sait. Au lieu de chercher cet argent, le gouvernement justifie l'austérité et l'impose. Les augmentations ont atteint, pour certains produits, les 200%. Pour le PT, ce gouvernement continue de détruire la République". Mme Hanoune révèlera, à titre d'illustration, que les concessions faites aux transporteurs ont coûté 34 milliards de dinars. "Quand un gouvernement annonce l'arrêt des recrutements dans la Fonction publique, la révision de la loi sur les hydrocarbures, ne punit pas l'évasion fiscale, menace de licencier un million de travailleurs et délègue la gestion des infrastructures communales au privé à partir de juin prochain, il faut comprendre qu'il fait dans la provocation qui pourrait nous coûter cher." Cela étant, évoquant les prochaines élections législatives, Mme Hanoune dira que "ces élections constituent un virage décisif pour l'Algérie. Soit elles seront salutaires, soit elles seront dévastatrices", a conclu Mme Hanoune. La question de la participation du parti sera tranchée par cette session du comité central. S'agissant de Yennayer, célébré la veille, la secrétaire générale du PT a plaidé pour son officialisation comme fête nationale légale et a interpellé l'Etat pour décréter le nouvel an amazigh comme "journée chômée et payée". "L'Etat doit arrêter la duplicité dans son discours. Yennayer est une composante nationale et identitaire de tout le peuple algérien." Farid Belgacem