Pour parer au manque de foncier industriel, l'Etat a décidé d'amputer des lots inexploités de l'immense patrimoine des entreprises publiques. Mais l'opération fait face à des résistances notamment des syndicats qui s'opposent à toute rétrocession. Dans un communiqué transmis à notre rédaction, la section syndicale de l'entreprise publique de récupération des déchets ferreux et non ferreux (ENR-SPA) s'oppose à la cession d'une parcelle de terrain de 8 hectares de son unité à des promoteurs privés. "Ce terrain est exploité par notre société depuis plus de trente ans et nous refusons qu'il soit cédé à d'autres personnes", affirme le secrétaire général de la section syndicale, qui précise que "cette parcelle est actuellement convoitée par de nombreux promoteurs privés qui veulent l'accaparer". "Nous refusons sa rétrocession et nous sommes prêts à l'acquérir pour permettre à notre entreprise de se développer", affirment les syndicalistes. Ainsi, les travailleurs de cette entreprise risquent de payer les frais de la mauvaise gestion du foncier des zones industrielles de Rouiba et Réghaïa et surtout celle de leurs responsables qui n'ont pas acquis à temps le terrain que l'entreprise utilise pourtant depuis des années. En avril 2015, ce sont les travailleurs de la filiale du Laboratoire de l'habitat et de la construction du Centre (LHCC) qui ont payé les frais de ce laisser-aller puisque cette entreprise a été expulsée du terrain qu'elle occupait et qu'elle avait sous-loué à Infrafer. Selon un procès-verbal daté de 1er octobre 2014 ayant pour objet la régularisation des terrains de la zone industrielle, plusieurs entreprises publiques et privées avaient déposé des dossiers de régularisation des parcelles qu'elles occupaient, dont Cosider, Mageco, Cafael, Vetral, Hydroge, Sntr, Infrafer et d'autres entreprises privées. De nombreuses réunions ont eu lieu entre le wali d'Alger, Gestimal, le Cneru et les services des Domaines pour examiner les nombreux litiges décelés sur le terrain. Selon le document, dont nous tenons une copie, des empiètements ont été constatés notamment par des entreprises privées qui se sont accaparé des dizaines d'hectares sur des terrains de l'Etat gérés aussi bien par le Cneru que par les Domaines. D'autres ont sous-loué des terrains qu'ils n'avaient pas encore acquis totalement à l'image de la BEA, d'Infrafer, de la SNTF ou encore d'ERC. Depuis des années, l'anarchie a caractérisé la gestion cette zone industrielle dont les parcelles sont très convoitées aujourd'hui. Parmi les griefs et les contraintes cités dans une circulaire interministérielle datée de 8 septembre 1999 relative à l'assainissement du foncier industriel, rarement appliquée, on retient notamment les proportions importantes de cas de non-régularisation par des actes de propriété. Les causes de cette non-régularisation sont souvent multiples (désaccord sur le prix de cession, comportement spéculatif...) et induisent des situations conflictuelles au sein des zones industrielles (insuffisance des prestations de gestion, non-paiement des redevances par les utilisateurs d'espaces. Par ailleurs et au terme de sa visite, effectuée en janvier 2016, à la zone de Rouiba, le ministre de l'Industrie et des Mines avait indiqué que l'Etat était en cours de récupération du foncier industriel inexploité par des entreprises publiques pour l'affecter à des projets économiques. Selon lui, cela va contribuer à résoudre "définitivement" le problème du foncier industriel d'ici à juin 2016. Cependant, les entreprises publiques et, partant, les syndicats ne veulent pas accepter une telle option. M. T.