L'Instance a mis fin, hier, aux spéculations qui pariaient sur sa dislocation, car partagée entre une majorité qui prend part aux élections et d'autres partis qui les boycottent. C'est beaucoup plus une rencontre destinée à battre en brèche les spéculations sur de prétendues frictions en son sein en lien avec le prochain rendez-vous électoral qu'à arrêter une stratégie ou quelque programme d'actions dans l'immédiat pour poursuivre le combat pour la transition : au siège du MSP, hier, où ils se sont réunis, les membres de l'Instance de coordination et de suivi de l'opposition (Icso) n'ont pas mis beaucoup de temps pour s'entendre sur un communiqué dont la finalité visait visiblement à répondre aux spéculations qui pariaient sur sa dislocation, car partagée entre une majorité qui prend part aux élections et d'autres partis qui les boycottent. D'ailleurs, hormis la défection — du reste prévisible — de l'Union pour la justice, le développement et l'édification (l'UJDE), née de la fusion des partis islamistes Ennahda-FJD et le MEN "qui se sont excusés", selon une source au sein de l'Icso, "en raison de l'absence encore d'une direction unique en son sein", selon une autre, l'absence d'Ali Yahia Abdenour, "malade", et celle d'Ali Benflis, qui s'est fait représenter par l'ancien président de la Cour suprême, Naceri, le reste des membres de l'Icso étaient au rendez-vous. "Il y a eu trois absents, c'est naturel. La majorité est présente", a tempéré, d'emblée, dans un point de presse à l'issue de la rencontre, Abderrezak Makri, président du MSP. Selon lui, "l'Instance est un acquis important, un espace de dialogue et de concertation. Ce n'est une couverture pour aucun parti (...) Tous les membres restent attachés à l'Instance", comme pour signifier que l'Icso ne sert pas de paravent à quiconque. "L'Instance reste attachée au document de Mazafran que nous avions élaboré et sur lequel nous nous sommes accordés. Il demeure le document autour duquel nous nous réunissons", a encore affirmé Makri. Dans un communiqué, l'Icso note qu'elle "poursuit son action politique commune qui regroupe les composantes de la classe politique pour traiter la crise actuelle au service du pays et en défense des aspirations du peuple". Elle réitère que la "position à l'égard des élections est une affaire qui relève de la souveraineté des partis et que l'Instance n'a aucune position sur la question, conformément aux décisions précédentes". Dans le même contexte, elle dénonce "les déclarations officielles qui entravent ceux qui expriment un avis contraire et interdisent aux partis qui boycottent d'exprimer leurs positions", dans une allusion aux déclarations du ministre de l'Intérieur à l'égard, notamment, de Talaïe El-Houriat d'Ali Benflis et de Jil Jadid de Soufiane Djilali. "On a pris nos responsabilités en dépit du fait que la majorité participe, pour la défense de la démocratie et le droit à l'expression. On a dit que cette attitude des autorités officielles est inacceptable et que celles-ci doivent laisser les partis qui boycottent exprimer leurs points de vue", a encore affirmé Makri. L'idée de transition est-elle toujours valable à la lumière de la participation de l'essentiel des membres ? "Absolument. Lorsqu'on parle de transition, on parle d'un projet politique dont le temps n'est pas déterminé. Il faut qu'il y ait un ensemble de critères, de circonstances qui favorisent, qui aident à cette transition démocratique et nous devrons tous y œuvrer pour parvenir à un rapport de force qui permette le déclenchement d'un processus de transition démocratique", soutient le président du MSP. "C'est un projet politique qui est toujours à l'œuvre et pour lequel nous œuvrons tous au sein de l'Instance", soutient-il. Interrogé pour savoir si les membres se sont accordés pour la mise en place d'une commission de surveillance lors du prochain scrutin, Abderrezak Makri a rappelé que cette idée a été proposée lors de la réunion de la CLTD, mais qu'elle n'a pas figuré à l'ordre du jour de la réunion d'hier. "On n'en a pas discuté." Par ailleurs, l'Icso n'a pas manqué, enfin, "d'exprimer ses inquiétudes par rapport aux souffrances sociales qui touchent de larges couches de la société, à cause, souligne-t-elle, des politiques du pouvoir actuel sur lesquelles elle a mis en garde à maintes reprises". La prochaine réunion de l'Icso est prévue après les élections au siège de Fadjr El-Jadid. Karim Kebir