Minée par des dissensions depuis plusieurs mois, notamment à cause des divergences politiques et idéologiques intenses entre ses membres, l'Icso enregistre ses premières défections. Comme prévu, la réunion de l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition qui s'est tenue hier au siège du MSP à l'invitation de Abderrezak Makri, n'a pas rassemblé tous ses membres. Bien des éléments, notamment Soufiane Djilali, Karim Tabbou et Abdellah Djaballah, Ali Benouari Nacer Djabi et Mohand Arezk Ferrad, El Binaa l'ont boycottée. Dans un point de presse qu'il a animé à la sortie de ce conclave, le président du MSP a essayé de diminuer de l'impact de ces défections dont certaines sont, selon lui, justifiées, notamment celles des partis islamistes qui seraient pris par des agendas organiques. «Les absences à cette réunion sont globalement justifiées. Il ne s'agit pas de boycott. C'est presque comme les fois précédentes. Ce sont pratiquement les mêmes qui ont l'habitude d'assister aux réunions de l'Icso qui sont là aujourd'hui», a-t-il indiqué en assurant que «l'Icso est un grand acquis pour l'opposition». «L'Icso est un cadre de concertation pour l'opposition. Nous avons intérêt à le maintenir. Certains évoquent les prochaines législatives comme étant un élément de désaccord entre les membres de cette instance. Il n'en est rien. Il n'a jamais été question pour l'Icso d'interférer dans les positions des partis quant à leur participation aux élections ou non. Chaque partie garde totalement sa souveraineté concernant cette question. L'objectif qui nous unit, c'est la transition démocratique et nous y travaillons dans la sérénité la plus totale», a-t-il affirmé dans ce sens avant d'ajouter que l'opposition va tenir un sommet juste après les législatives chez Al Fadjr Al Djadid, parti de Tahar Benbaibèche. Le communiqué de l'Icso, qui a corroboré les propos de Abderrezak Makri, a par ailleurs condamné la démarche du ministre de l'Intérieur qui est en train de prendre des mesures répressives à l'encontre des partis politiques ayant opté pour le boycott des prochaines législatives. Toutefois, malgré le discours rassurant du président du MSP et sa sérénité, la fadeur de la réunion était là. N'étaient présents en effet que Abderrezak Makri, Mohcine Bellabès, Tahar Benbaibèche, Ahmed Benbitour, Abdelaziz Rehabi et un représentant de Ali Benflis, soit un peu moins de la moitié des membres de ce conglomérat, ce qui dénote d'un désintérêt désormais effectif pour cette coalition dont l'inutilité n'attend qu'un dernier prétexte pour s'exprimer au grand jour. A quoi rime-t-il d'organiser une réunion à la veille d'élections législatives à laquelle tous les partis sont censés s'y préparer massivement pour parler d'une réunion qui va se tenir après les élections et dont les enjeux semblent insaisissables, à savoir la transition démocratique? C'est d'un embarras qui ne dit pas son nom qu'il s'agit. En effet, prévue initialement, selon ses organisateurs, afin de discuter «du meilleur moyen de maintenir l'Icso et de faire participer les boycotteurs des prochaines législatives aux opérations de surveillance du vote», elle ne pouvait prendre aucune décision importante en l'absence de plusieurs de ses membres sous peine de se voir exploser à la veille d'une échéance électorale importante, ce qui est de nature à altérer l'image des partis qui la composent auprès de l'opinion publique. Par conséquent, diversion oblige, cest la situation générale du pays qui a été abordée et c'est avec des pincettes que toutes les questions ont été soulevées. Néanmoins, cette situation est loin d'être une surprise. C'est une impasse prévisible depuis plusieurs mois. Après avoir réussi à fédérer l'ensemble des partis de l'opposition, elle commence à perdre des plumes suite à son incapacité à imposer sa feuille de route portant sur la transition démocratique. Après les échéances électorales se profilant à l'horizon, il était difficile d'arrêter une position commune quant à celles-ci, encore moins de constituer des coalitions électorales compte tenu des divergences idéologiques des partis membres de l'Icso. Les défections ont alors commencé avec le retrait de Soufiane Djilali et de Ali Benouari. La réunion d'hier, plusieurs partis, notamment Jil Jadid, le FJD, Ennahda, l'UDS, l'UFDS, Nidaa Al Watan, et El Binaa, l'ont boycottée. Et si le Mouvement Ennahda et le Front pour la justice et le développement (FJD) de Abdellah Djaballah évoquent une question liée à leur agenda et les préparatifs des législatives pour justifier leur «boycott» de la réunion, maquillée en une absence ordinaire, les autres partis ont exprimé ouvertement leur rejet de l'Icso qui, pour eux, semble ne plus servir à quoi que ce soit. C'est le cas notamment de l'UDS, de Binaa El Watan et de Jil Jadid dont le leader, Soufiane Djilali, dit «ne plus être concerné par ses réunions». «La réunion de l'Icso ne fait pas l'unanimité parmi ses membres. On ne peut pas discuter des élections alors que l'Icso n'a pas pris une position commune sur cette question», a-t-il expliqué précisant que la réunion d'hier n'était pas une réunion de l'Icso, mais juste des membres participant aux élections législatives». Ces défections sont appelées à s'accentuer car, au-delà du projet de transition démocratique qu'ils semblent porter ensemble, ces partis sont tenus de se faire la guerre lors de la campagne électorale qui arrive afin de se partager les sièges de l'APN et des APC.