La réforme de la Ligue arabe est “une préoccupation majeure des Etats arabes et pas seulement de l'Algérie”, a déclaré Abdelaziz Belkhadem, le ministre algérien des affaires étrangères, hier, à Alger. “Le point le plus important de cette réforme est, à nos yeux, la révision de la Charte de la Ligue arabe”, a encore précisé M. Belkhadem qui s'adressait à un parterre de journalistes lors d'une rencontre avec la presse nationale, organisée à l'hôtel Hilton, quelques heures avant l'ouverture de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères. Cette Charte, vieille de 60 ans, l'âge de la Ligue arabe, devrait faire l'objet, pour la première fois, de “plusieurs amendements”, à l'occasion du Sommet d'Alger, prévu mardi et mercredi prochains. Selon M. Belkhadem, ces changement sont “d'ores et déjà acquis”, puisqu'ils ont fait l'objet d'un consensus, mercredi et jeudi derniers, lors de la réunion des experts des différents Etats membres. Rien, selon Abdelaziz Belkhadem, ne devrait entraver la confirmation de ces amendements, ni lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères dont la clôture interviendra aujourd'hui ni lors de la rencontre des chefs d'Etat arabes, les 22 et 23 mars. Les deux amendements les plus significatifs de la Charte de la Ligue arabe portent sur l'abandon du consensus comme règle dans la prise de décisions et l'institution d'un comité de suivi chargé de veiller à l'application des résolutions sur le terrain. Les résolutions de la Ligue arabe qui, jusqu'ici, devaient systématiquement faire l'objet d'un consensus entre tous les Etats membres, seront désormais validées par un vote à la majorité des deux tiers pour les questions politiques et à la majorité simple (50% + 1 voix) pour les questions organisationnelles ou de fonctionnement des instances de la Ligue. Le comité de suivi, présidé par le chef de l'Etat abritant le sommet, sera constitué de deux troïkas et du secrétaire général de la Ligue arabe. La première troïka est composée de trois chefs d'Etat : celui dont le pays accueille le sommet, celui dont le pays avait accueilli le précédent sommet et celui dont le pays est appelé à abriter le prochain sommet. La seconde troïka est constituée, quant à elle, des ministres des Affaires étrangères de ces pays. L'autre nouveauté annoncée par Abdelaziz Belkhadem est “l'institution d'un parlement arabe” qui sera “une instance consultative de transition”. Tous les Etats arabes y seront représentés par quatre “députés” chacun. À l'issue du premier mandat dont la durée est de cinq ans, le parlement arabe sera renouvelé, et ses sièges seront occupés, si possible, par des membres élus. Ce qui n'est pas faisable actuellement “à cause des disparités en matière de représentation parlementaire”, a encore expliqué M. Belkhadem. Comme le Conseil économique et social est supposé permettre “une implication des sociétés civiles arabes”, ce Parlement est censé constituer “un prolongement populaire” de la Ligue des Etats arabes afin que celle-ci cesse d'être considérée comme “un syndicat des chefs”, selon la formule de M. Belkhadem. Visiblement, ce sera pour plus tard, car, afin de permettre aux pays non dotés d'une instance législative de siéger au sein du parlement arabe, les membres de ce dernier seront “provisoirement désignés”, a fait savoir le chef de la diplomatie algérienne. Outre ces questions qui relèvent toutes de “la réforme de la Ligue arabe”, M. Belkhadem a également annoncé que la réunion des ministres des affaires étrangères puis le sommet auront à adopter la proposition du président Bouteflika relative à la mise sur orbite d'“un satellite arabe de surveillance et d'observation de la terre afin de parvenir à une meilleure prévention commune des catastrophes naturelles”. Les deux réunions devront aussi entériner l'accord portant “création d'un centre arabe de prévention des séismes et des catastrophes naturelles” dont l'implantation est prévue à Bouzaréah, à Alger, et dont le financement sera assuré par des fonds arabes. F. L.