Le fils de l'ex-président du Haut-Comité d'Etat (HCE), le défunt Mohamed Boudiaf, est revenu, hier après-midi, dans son intervention au café littéraire de Tinebdar, sur le parcours de son père qu'il qualifie de "véritable détonateur" de la Révolution algérienne, mais aussi sur le lâche assassinat dont a fait l'objet Si Tayeb El-Watani, un certain 29 juin 1992, à Annaba. Nacer Boudiaf qui venait présenter son dernier ouvrage dédié à son défunt père, intitulé Si Tayeb El-Watani, l'espoir assassiné, paru aux éditions Tafat, se déclare déterminé à aller jusqu'au bout pour faire toute la lumière sur le crime politique ayant coûté la vie à l'un des piliers de la guerre de Libération nationale, et ce, quitte à saisir les instances internationales. La dernière sortie médiatique du président du Haut Conseil islamique (HCI), Abdallah Ghlamallah, qui a déclaré à la presse, quant à l'assassinat de Mohamed Boudiaf, que "ce sont ceux qui l'ont amené qui l'ont tué", semble avoir apporté de l'eau au moulin du conférencier qui n'a pas manqué, d'ailleurs, d'assener que "la thèse de l'acte isolé ne tient plus la route". Pour Nacer Boudiaf, les propos de l'ancien ministre des Affaires religieuses ne font que confirmer la version la plus plausible, celle qui fait l'unanimité au sein de l'opinion publique nationale. "Suite à la déclaration récente du président du HCI, j'ai saisi personnellement le ministre de la Justice à l'effet d'ouvrir une information judiciaire en vue de faire la lumière sur cet assassinat, mais malheureusement, aucune réponse ne m'a été donnée à ce jour", a-t-il affirmé, avant d'ajouter que "devant le silence inexpliqué des autorités algériennes, je serai dans l'obligation de recourir aux instances internationales". Concernant la lancinante question de savoir quels sont les véritables commanditaires de l'assassinat de l'ex-président du HCE, l'orateur ne va pas y aller avec le dos de la cuillère pour accuser ouvertement les plus hauts responsables de l'Etat de l'époque, citant nommément certains d'entre eux, à l'image de l'ancien patron du DRS, le général-major Mohamed Mediène dit Toufik, le défunt général Larbi Belkheir, l'ex-ministre de la Défense, Khaled Nezzar... Sur sa lancée, l'hôte de la commune de Tinebdar n'hésitera pas aussi à pointer du doigt les responsables français, en assurant que "sans l'accord de l'Etat français, plus précisément le président d'alors, François Mitterrand, Mohamed Boudiaf n'aurait jamais été tué !". Pourquoi donc a-t-il été tué ? Selon le conférencier, son père a été victime de sa sincérité, de sa rigueur et de son patriotisme. "Ce sont les dossiers les plus sensibles, tels que la corruption, la fuite des capitaux, le pouvoir hégémonique des militaires..., qui lui ont valu son triste sort", a-t-il soutenu. Afin de prouver à quel point son père s'opposait au mode de gouvernance du pays, Nacer Boudiaf a tenu à faire savoir à son assistance que le premier accroc entre le défunt président et les vrais décideurs avait eu lieu au tout début, lorsque Mohamed Boudiaf allait faire son premier discours officiel au peuple algérien. Ce dernier, a-t-il précisé, avait refusé qu'on lui dicte la teneur de son discours qui allait être diffusé en direct au journal télévisé de 20h. Un incident qui avait d'ailleurs valu un retard de deux heures pour la diffusion du premier discours de feu Si Tayeb El-Watani. Kamel Ouhnia