C'est le 19e anniversaire de son assassinat, un certain 29 juin 1992. Et comme chaque année, des cérémonies de recueillement à sa mémoire sont organisées au cimetière El Alia, à Alger. C'était le cas hier aussi. Mais la vérité sur son assassinat n'est toujours pas connue. Les Algériens ne sauront peut-être rien sur la liquidation physique de l'homme qui les a fait rêver durant les cinq mois qu'il a passés à la tête du Haut-Conseil d'Etat (HCE), en l'occurrence le président Mohamed Boudiaf. Son fils Nacer revient ici sur l'affaire et annonce la publication d'un livre intitulé Boudiaf, l'Algérie avant tout, qui raconte les 166 jours passés par son père au HCE. Un ouvrage qui, dit-il, informera les Algériens sur les difficultés auxquelles avait fait face Tayeb El Watani pendant cette période. - Vous venez d'éditer un livre sur les 166 jours de Mohamed Boudiaf à la tête du HCE. Les Algériens auront-ils l'occasion de connaître plus de détails sur l'homme qui les a fait rêver ? Oui, les Algériens auront une petite idée sur Mohamed Boudiaf, par exemple à l'école primaire, défendant déjà l'Algérie ; son directeur d'école, M. Brett, le qualifiait déjà de «dangereux pour la France». Le lecteur sera informé des difficultés auxquelles avait fait face mon père pendant les 166 jours passés à la tête du HCE, notamment les affaires qui ont éclaboussé le système à son époque. - Une enquête avait été ouverte après l'assassinat du président Mohamed Boudiaf, le 29 juin 1992. 19 ans après, les résultats de cette enquête n'ont pas été rendus publics. Pourquoi, selon vous ? Cette question mérite d'être posée à qui de droit. Effectivement, comme beaucoup de questions qui intéressent le peuple algérien, la vérité sur l'assassinat du président du HCE est toujours attendue par le peuple. C'est un assassinat politique, son traitement est politique et ses résultats sont politiques. On ne peut pas bâtir l'avenir sans la vérité sur le lâche assassinat d'un homme qui n'a jamais couru derrière le pouvoir, mais derrière lequel le pouvoir courait pour le mettre au sommet. Une fois que l'homme, de par son envergure historique, sa droiture exemplaire, son franc-parler dans le langage populaire, son adoption par le peuple, après cinq mois dans des circonstances des plus difficiles, a réussi à susciter l'espoir, il a été lâchement assassiné. Le peuple se sent frustré et attend toujours la vérité. - Que comptez-vous faire pour exiger que la lumière soit faite sur cette affaire ? L'assassinat de mon père a fait beaucoup de mal. Le mal, on le soigne chez le médecin. En Algérie, les gens de tous bords, quand ils sont mal soignés chez nous, consultent les médecins à l'étranger. C'est à nous de voir où doit-on soigner le mal fait par «l'acte isolé». C'est à la justice algérienne, dans la perspective des réformes attendues, de répondre à cette attente du peuple. - Votre défunt père avait fondé un parti politique, le Rassemblement patriotique national (RPN) qui n'existe plus aujourd'hui dans le paysage politique. Comptez-vous relancer cette formation afin de défendre les idéaux de Mohamed Boudiaf ? Effectivement, mon père avait pensé au RPN comme un contre-pouvoir. Maintenant, les choses ont changé. La jeunesse me presse ouvertement de «reprendre le flambeau du défunt Boudiaf». C'est à la jeunesse de se prendre en charge.