Dix jours après sa prise du pouvoir, le nouveau locataire de la Maison-Blanche voit s'abattre sur lui une pluie de critiques, en plus d'un mouvement de contestation de ses mesures contre l'immigration. Les décisions de Donald Trump sont même contestées par les procureurs généraux de 16 Etats US. Dans une déclaration conjointe, les magistrats ont promis d'agir rapidement et d'utiliser tous les outils de leur office pour combattre ce décret anticonstitutionnel et préserver la sécurité nationale et les valeurs fondamentales de leur pays. Toujours dans le but d'apaiser la tension, l'administration républicaine américaine a officiellement clarifié dimanche soir la situation des détenteurs de permis de résident permanent originaires des sept pays de la liste noire en assurant qu'ils auront le droit d'embarquer à destination des Etats-Unis et bénéficient d'une exemption. Les Américains à double nationalité également. Reste la question des binationaux, par exemple les Canado-Iraniens ou Franco-Syriens. Samedi, le bureau du Premier ministre Justin Trudeau a annoncé que le décret ne changerait rien pour les Canadiens. D'autres capitales sont entrées dans des discussions avec Washington pour obtenir des clarifications, ajoutant à la confusion. Londres a ainsi annoncé que ses ressortissants binationaux ne seraient pas concernés, sauf s'ils voyageaient à partir des pays ciblés. La Commission européenne va s'assurer qu'aucun de ses citoyens ne subit de discrimination sous le coup du décret signé par le président américain Trump interdisant temporairement l'entrée aux Etats-Unis de ressortissants de certains pays musulmans, selon son porte-parole. Sur un ton virulent, l'ONU a dénoncé hier un procédé illégal et méchant, tandis que son Haut-Commissaire aux droits de l'homme, le Jordanien Zeid Ra'ad Al-Hussein, a dénoncé le manque de générosité du décret anti-immigration du président Trump, qui est contraire aux droits humains. Après l'Iran, qui a décidé d'une mesure de réciprocité à l'égard des Etats-Unis, ce sont les députés irakiens qui se sont prononcés hier pour l'application de la même mesure. De son côté, le gouvernement yéménite s'est dit hier mécontent du décret de Trump qui encourage l'extrémisme. L'Egypte et plusieurs pays européens ont aussi critiqué la nouvelle approche américaine en matière d'immigration. Dans un communiqué, l'OCI a exprimé sa profonde inquiétude après la décision du président américain de suspendre l'entrée aux Etats-Unis des réfugiés et des ressortissants de sept de ses pays membres. Ainsi, le président américain, qui fait l'objet d'une vague de manifestations et de condamnations, subit également de fortes pressions internationales. Se défendant de s'attaquer à la religion musulmane, il a affirmé dans un communiqué : "Pour que les choses soient claires, il ne s'agit pas d'une interdiction visant les musulmans, comme les médias le rapportent faussement." Il a ajouté que "cela n'a rien à voir avec la religion, il s'agit de terrorisme et de la sécurité de notre pays." Hier, plus d'un million de personnes avaient signé une pétition anti-Trump au Royaume-Uni. Les signataires demandent que s'il peut venir dans ce pays comme chef de l'administration, il faut lui refuser la visite d'Etat prévue cette année, qui implique de nombreux honneurs. Merzak Tigrine