Cette campagne, menée par une équipe médicale pluridisciplinaire (radiologues, sénologues, anatomopathologistes), se poursuivra à travers plusieurs wilayas. Les cas positifs diagnostiqués seront systématiquement pris en charge. Ni le froid glacial ni les longues distances à parcourir n'ont découragé les femmes à pointer par dizaines dès les premières heures de la journée. L'opération pilote du dépistage du cancer du sein par mammobile, unité mobile dotée des équipements nécessaires (appareils de mammographie et d'échographie), initiative de l'association El-Amel du CPMC, en collaboration avec le ministère de la Santé, relancée en ce début de l'année à partir d'El-Oued et d'El-Meghier, à l'extrême sud-est du pays, a, en effet, connu un engouement certain. Visiblement, de plus en plus conscientes du risque qui plane sur leur santé, même souvent en l'absence du moindre symptôme, les femmes, âgées de 40 ans, portent, désormais, beaucoup d'intérêt à cette opération. "J'ai appris la venue de cette caravane de dépistage via la radio locale, après quoi, je ne me suis pas posé de questions pour venir passer cet examen mammographie auquel je pensais depuis plusieurs mois", nous confie une cinquantenaire d'El Oued, ceci quand bien même elle ne soupçonne aucun symptôme palpable. Avec en moyenne de 70 mammographies réalisées par jour, les équipes médicales issues du centre national de radiologie de l'hôpital de Bab El-Oued (ex-Maillot), et du centre Pierre et Marie Curée (CPMC), défient les standards mondiaux en la matière. L'objectif étant de dépister un maximum possible de femmes en vue d'endiguer cette maladie qui range tout un pan de la société. L'intérêt du dépistage précoce, expliquent les spécialistes, est de pouvoir soigner un cancer plus facilement et de limiter les séquelles liées à certains traitements, et par conséquent, réduire considérablement les dépenses induites par les traitements très onéreux de cette pathologie. La mammographie, explique Dr Selma Baiche, chef d'unité du service d'imagerie du CHU Bab El-Oued, chapeauté par le Pr. Boudjemaâ Mansouri, consiste en l'un des moyens les mieux indiqués pour repérer un cancer à un stade précoce, en l'absence de tout symptôme. La spécialiste rappelle qu'une mammographie est nécessaire à la femme à partir de l'âge de 40 ans. Mais encore faut-il que les appareils de mammographie soient accessibles aux populations des zones rurales et du grand sud, et que du personnel qualifié y soit affecté. Ce qui, hélas, n'est pas le cas dans plusieurs régions du pays. Les spécialistes du CPMC et du CHU Bab El-Oued mobilisés D'où l'importance de la campagne de dépistage mobile menée par l'association El-Amel, en collaboration avec le ministère de la Santé, dont l'engagement infaillible des autorités sanitaires régionales (DSP), mais aussi le concours du mouvement associatif et des autorités locales. Ceci, sans oublier le sponsoring assuré, cette année, par les laboratoires Roche-Algérie. Chez les populations du Sud, l'hospitalité est érigée depuis des lustres en culture certes, mais l'intérêt de la campagne du dépistage du cancer du sein semble forcer davantage le respect des autorités sanitaires locales à leur tête le DSP, Nordine Rezgui, lesquelles, faut-il le souligner, étaient aux petits soins pour accueillir la caravane El-Amel. Cette campagne est d'autant importante qu'elle est menée par une équipe médicale pluridisciplinaire (radiologues, sénologues, anatomopathologistes), et qu'un réseau de prise en charge des cas positifs diagnostiqués soit, au préalable, mis en place. Les services du CPMC et du CHU Bab El-Oued sont, en effet, mobilisés pour accueillir systématiquement toutes les personnes atteintes. En effet, des premiers examens cliniques assurés par l'équipe de sénologues du service du CPMC, dirigé par le Pr. Benzidane, et l'examen de mammographie jusqu'à l'ultime étape du long processus de traitement, tout a été prévu pour permettre une prise en charge totale des cas diagnostiqués. La caravane El-Amel est par ailleurs une aubaine pour la formation et le recyclage des personnels médical et paramédical affectés dans les structures sanitaires. Un service qu'assurent des professionnels spécialisés en cancérologie accompagnant l'opération du dépistage, à l'instar du Dr. Brahim Aït-Ouakli, chirugien-sénologue au CPMC, et Dr. Selma Baiche, radiologue, chef d'unité du centre national d'imagerie du CHU de Bab El-Oued, qui ont animé une journée de formation à El-Oued. Après les expériences réussies des précédentes campagnes dont l'opération pilote menée, en 2015, avec le personnel féminin d'Algérie Télécom et celle menée, l'année passée, dans les zones rurales à travers 12 wilayas, la présente campagne se poursuivra jusqu'au mois de juillet prochain. Elle concernera les wilayas de Ghardaïa, Laghouat, El Bayadh, Naâma, Bechar, Tiaret, Tissemsilt, Bordj Bou-Arréridj, M'Sila, Tipasa et Tizi Ouzou. Satisfait du bilan des compagnes précédentes, avec plus de 3 000 femmes dépistées l'année passée, Abdenour Kettab, président de l'association El-Amel, table désormais sur la forte adhésion des femmes concernées (entre 40 et 70 ans) pour la réussite des prochaines étapes. Le but, explique-t-il, est de dépister précocement les cancers du sein, ce qui rend la prise en charge plus facile et surtout augmente les chances de guérison. Le cancer du sein, faut-il le rappeler, est le cancer le plus fréquent chez la femme. En Algérie, et selon les statistiques fournies par le ministère de la Santé, 11 000 nouveaux cas en moyenne sont enregistrés par an. F. A.