Donald Trump était confronté, hier, à une double offensive judiciaire et politique contre son décret anti-immigration. La décision la plus emblématique de sa jeune présidence est bloquée par la justice, contestée dans la rue et attaquée par les plus grosses entreprises de la high tech. Le blocage du décret a de fait rouvert les portes du pays aux réfugiés et aux ressortissants des sept pays visés. Facebook, Google, Microsoft, Twitter et Apple ont déposé, dans la nuit de dimanche à hier, une requête en justice dénonçant les "dommages" causés par ce texte. Au total, près d'une centaine d'entreprises se sont jointes à la plainte contre ce texte signé le 27 janvier par le nouveau président, qui interdit temporairement l'entrée aux Etats-Unis des réfugiés et des ressortissants de sept pays majoritairement musulmans (Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie, Yémen). Plus tôt dans la journée, l'administration Trump avait déjà subi un revers de taille. La cour d'appel fédérale de San Francisco avait rejeté l'appel formulé, samedi, par le ministère de la Justice, qui réclamait l'annulation de la décision de suspendre le décret sur tout le territoire américain, prise par le juge de Seattle, James Robart, vendredi. La Maison-Blanche a maintenant jusqu'à 23h GMT pour étoffer son argumentaire auprès de la cour de San Francisco. Côté politique, plusieurs hauts responsables de l'administration démocrate sortante, dont l'ex-secrétaire d'Etat John Kerry et l'ex-directeur de la CIA et ancien secrétaire à la Défense Leon Panetta, ont aussi demandé le maintien du blocage d'un décret "mal conçu, mal mis en œuvre et mal expliqué". Un malaise ressenti jusque dans le camp du président lui-même, d'autant que M. Trump s'est livré à une attaque en règle contre le juge Robart, le qualifiant de "pseudo-juge" et l'accusant de sacrifier la sécurité du pays. Mitch McConnell, le chef de file des républicains au Sénat, a tenté de temporiser en expliquant que la justice faisait son travail et s'est démarqué du décret, dimanche, craignant notamment que sa rédaction trop vague ne laisse la porte ouverte à "un test religieux". "Nous voulons tous empêcher les terroristes de pénétrer aux Etats-Unis, mais nous ne voulons certainement pas que des alliés musulmans, qui se sont battus à nos côtés, ne puissent se rendre aux Etats-Unis", a-t-il souligné. L'opinion américaine est elle aussi défavorable au texte, qui a encore déversé dans les rues des grandes capitales mondiales des milliers de manifestants ce week-end. R. I./Agences