La Banque d'Algérie ne communique pas suffisamment sur l'utilisation des réserves de change. La Banque centrale n'évoque pas toutes les monnaies de placement qu'elle a choisies, pas plus qu'elle ne donne de détails sur les décomptes réalisés dans chaque monnaie de placement. Souhil Meddah est expert en finance. Il estime, dans une déclaration qu'il nous a faite, que la Banque centrale aurait dû communiquer afin de ne pas laisser la porte ouverte à toutes les interprétations, a fortiori quand il s'agit de réserves de change. La banque des banques élabore annuellement, et de manière mécanique, un rapport sur la politique monétaire du pays intégrant évidemment les réserves de change. Le document n'est cependant pas suffisamment fouillé pour permettre à l'institution monétaire d'imprimer de la transparence à la gestion des avoirs en devises. Tel est le côté négatif qu'il convient de déplorer, fait-il remarquer. Souhil Meddah souligne par ailleurs que les placements effectués par la Banque d'Algérie l'ont été globalement dans des monnaies connues : dollar, euro, livre sterling, yen... Seulement, les fluctuations de la valeur des monnaies fait perdre de l'argent à la Banque centrale. Une fatalité ? Pas tout à fait ! Autant la variation sur certaines monnaies (euro et dollar) semble minime, autant elle doit être prise au sérieux dans le reste des monnaies de placement. Et là, la Banque d'Algérie aura failli à son objectif d'anticipation parce qu'elle n'aura pas vu venir le "Brexit", a laissé entendre l'expert. Le Brexit est une abréviation de British exit, évoquant la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, et faisant référence au "Grexit", néologisme apparu durant l'été 2015 lors de la crise grecque. D'ailleurs, certains analystes affirment que les placements dans la livre sterling aura fait perdre à la Banque d'Algérie 4,3 milliards de dollars. Mais comment cela peut-il être démontré ? Souhil Meddah déclare ne pas avoir connaissance d'un élément qui confirme cette hypothèse. Mais, ajoute-t-il, il est possible que la Banque centrale n'ait pas anticipé l'impact du Brexit sur ces placements dans la monnaie britannique. Quant aux placements à l'extérieur, Meddah rappelle les 960 millions de dollars (600 millions de dollars : chiffres de la FED) placés en bons de trésor américains. Le montant n'est pas énorme. Cela n'est pas réellement rentable, et à plus forte raison encore lorsque les taux de la FED sont bas, observe-t-il. Les bons du Trésor sont des titres obligataires (c'est-à-dire des titres d'emprunts) émis par l'Etat, par l'intermédiaire du Trésor public, d'où leur appellation bons du Trésor. L'Algérie peut disposer librement de ces placements. Quels sont les risques associés à un placement aujourd'hui ? Pour l'expert, le risque est gros dans l'effondrement d'une économie dont la monnaie sert de placement d'argent en devise. Aujourd'hui, dit-il, certains évoquent une éventuelle crise qui pourrait se produire en Chine. Dans ce pays, ajoute-t-il, la politique de crédit et de croissance artificielle a fait que la dette cumulée (ménage, entreprise, Etat) se chiffre à 22 000 milliards de dollars. Si ce type de crise survient, cela aura des effets sur les placements faits dans la monnaie chinoise. C'est pourquoi, poursuit-il, certains pays, dont l'Algérie, préfèrent les bons du Trésor cités plus haut aux autres placements. Y. S.