Le chef de l'Etat a indiqué que la satisfaction des droits nationaux du peuple palestinien par l'établissement de son Etat indépendant ayant Jérusalem pour capitale, de même que le recouvrement par la Syrie/personname / et le Liban de tous les territoires occupés sont les conditions pour une entente avec Israël. Les travaux de la 17e session ordinaire du Sommet de la Ligue arabe ont été ouverts hier, à Alger, en présence de quatorze chefs d'Etat et huit représentants de chefs d'Etat, après une passation de pouvoir entre le chef de l'Etat tunisien, Zine El-Abidine Ben Ali et son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika. Cette réunion, marquée par la présence de nombreuses personnalités, venues de tous les continents à titre d'observateurs-invités, a été inaugurée par l'intervention du président tunisien, dont le pays a assuré la présidence de la Ligue arabe depuis le dernier sommet. Le discours de M. Ben Ali, interrompu à sa demande par une minute de silence à la mémoire de l'Emirati Cheikh Zayed Nahyane, du Palestinien Yasser Arafat et du Libanais Rafic Hariri, a été un round-up de “réalisations de la Ligue arabe” et des “chantiers ouverts” durant son mandat à la tête de l'Organisation panarabe. Immédiatement après ce tour d'horizon, M. Bouteflika, de fait président de la Ligue arabe, déclare la session ouverte et donne la parole au secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Succédant ainsi au président tunisien à la tribune, M. Moussa, qui se dit satisfait du parcours accompli jusqu'ici et qui jure que “jamais les échecs de l'organisation, s'il en fut, n'ont été aussi retentissants que ses succès”, a néanmoins avoué que “plusieurs projets restent bloqués en raison de la grave crise financière que vit la ligue”, une crise dont il tiendra pour responsables “les pays qui ne cotisent plus et ceux dont l'apport au budget de la ligue a connu une diminution drastique”. Selon M. Moussa, dont le mandat de secrétaire général prendra fin lors du prochain sommet, il devient, dans ces conditions, difficile, voire impossible de réaliser “les projets destinés à la sauvegarde et à l'épanouissement de l'enfance, au développement et à l'émancipation de la femme et enfin à l'environnement”, précisément ceux-là mêmes dont Zine El-Abidine Ben Ali tire une certaine fierté. Le président Bouteflika, intervenant après ces allocutions édictées à la fois par l'usage pratique et l'ordre protocolaire, et avant d'entamer son discours de 45 minutes, a appelé les Etats membres de la ligue à accorder aux questions organisationnelles et financières “l'importance qu'elles méritent”, laissant ainsi entendre que les inquiétudes de M. Moussa sont fondées. Remerciant particulièrement Jose Luis Zapatero, le président du gouvernement espagnol de sa présence au Sommet d'Alger, ainsi que Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU (attendu pour hier soir), Alpha Omar Konaré, président de la commission de l'Union africaine (UA), Ekmeluddin Ihanoglu, secrétaire général de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) et des représentants de l'Union européenne, Javier Solana (haut représentant), de la Russie, de la France (Michel Barnier, ministre des Affaires étrangères), de l'Italie (Marco Follini, vice-président du Conseil), de l'Allemagne, du Japon, du Brésil et enfin du Portugal, Abdelaziz Bouteflika a estimé que la venue de ces personnalités constitue “un signe très encourageant de la solidarité des ensembles régionaux” et démontre l'intérêt porté aujourd'hui “sur le monde arabe et son devenir”. M. Bouteflika conçoit le devenir du monde arabe comme l'aboutissement de réformes plus que jamais nécessaires car “en dépit de quelques avancées indéniables, estime-t-il, le monde arabe n'a pas réduit significativement son retard de développement ni levé les handicaps résultant de la dispersion des efforts, et de la division des pays arabes”. Indispensables partout ailleurs mais “notamment dans les sociétés arabes”, ces réformes se sont imposées d'elles-mêmes et c'est ainsi que, selon Abdelaziz Bouteflika, les pays arabes ont été “les pionniers” en la matière, car, dit-il encore, “nous avons entamé leur mise en œuvre depuis quelques années déjà, et nous en avons accéléré le rythme pour les mener aussi loin que possible”. Bouteflika précise et insiste : “Ces réformes ne nous ont pas été imposées et ne le seront pas. Nous les avons mises en œuvre par conviction et de plein gré car nous sommes conscients des bienfaits qu'elles peuvent apporter à nos populations.” Et de mettre en garde, à demi-mot, ceux qui, de l'extérieur, seraient tentés de dicter aux pays arabes un mode opératoire et un rythme d'action dans la conduite de ces réformes. “Sachant que les situations diffèrent d'un pays à un autre, il est réaliste de comprendre que chacun adopte les méthodes les plus efficientes et les plus sages qu'il juge adéquates (…)”. Aux yeux du désormais président de la Ligue arabe, cela ne pouvait sans doute pas suffire à expliciter sa pensée. Il abandonne donc son discours écrit pour une improvisation dans le style direct. “Si le projet du Grand Moyen-Orient (GMO) suppose des réformes, nous les menons et le processus est même assez avancé ; si ce projet implique que l'identité de nos pays soit dissoute dans d'autres valeurs, alors nous disons que nous restons fidèles à notre identité arabe, sans pour autant que nous souhaitions les imposer à d'autres (…)”. Abordant la question palestinienne, M. Bouteflika, tout en renouvelant les préalables que doit satisfaire Israël pour le règlement juste et définitif du conflit, a implicitement et diplomatiquement rejeté l'accusation qui a pesé sur la Jordanie, suite à son initiative qui avait soulevé une vive polémique au début de la semaine, lors des réunions préparatoires du Sommet arabe d'Alger. Selon lui, “l'initiative de paix que le roi Abdallah a soumise à notre considération et que le Sommet de Beyrouth a solennellement approuvée, s'est basée sur le principe universel de l'échange de la terre contre la paix prévoyant ainsi le retrait total d'Israël de tous les territoires palestiniens et arabes occupés après le 4 juin 1967” et, qui plus est, “l'absence du souverain jordanien à notre rencontre est due à un cas de force majeure”, a encore affirmé M. Bouteflika. Le chef de l'Etat algérien ne manque pas d'ajouter, pour donner un sens positif à la proposition de la Jordanie au Sommet d'Alger, qu'il importe que “l'option stratégique du monde arabe pour la paix soit, aujourd'hui, puissamment réitérée et renforcée par la création d'un mécanisme politique de haut niveau de mise en œuvre, de contact, de suivi et d'évaluation (…)”. Bouteflika estime qu'il faut œuvrer pour que “l'évocation d'un Etat de Palestine (…) par le Conseil de sécurité de l'ONU dans sa résolution 1397 soit suivie, au cours de la présente année, de la constitution aussi bien juridique que politique d'un Etat palestinien reconnu et viable”. F. L.