Le chef de l'Etat considère la recherche de la paix comme une option stratégique de la Ligue arabe. Les chefs d'Etat arabes participant au Sommet d'Alger doivent entériner 16 résolutions adoptées par les ministres arabes des Affaires étrangères, notamment un projet de résolution jordanien appelant à réactiver le plan de paix adopté par le sommet de Beyrouth en 2002. Réaménagé au plan de la forme par le ministre palestinien des Affaires étrangères, le plan jordanien propose à Israël «une offre de paix collective de normalisation des relations en contrepartie de la récupération des droits arabes», a déclaré le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa. Il va de soi que les Arabes réclament le départ d'Israël de tous les territoires occupés en 1967. L'absence d'une quelconque référence au retour chez eux des réfugiés palestiniens passe pour être une concession que les pays arabes consentent à faire en contrepartie d'une attitude plus souple de l'Etat hébreu. Considérant la paix comme une option stratégique de la Ligue arabe, le président de la République pose la problématique en termes clairs. Prenant à témoin «la communauté internationale, la conscience universelle et le peuple juif lui-même de la nature stratégique de l´option arabe pour la paix», le chef de l´Etat a souligné que «la partie israélienne porte seule la responsabilité de l´escalade de la violence ainsi que celle des tergiversations face aux échéances du processus de paix». Ainsi, Abdelaziz Bouteflika trace les lignes rouges, affichant une ferme détermination à ne pas céder un iota de plus. Il souligne clairement que le «redressement du monde arabe est conditionné» par l´établissement d´un Etat palestinien et le recouvrement des terres arabes occupées par Israël. «La satisfaction des droits nationaux inaliénables du peuple palestinien par l´établissement de son Etat indépendant ayant El-Qods pour capitale, de même que le recouvrement par la Syrie et le Liban de tous leurs territoires occupés, conditionnent le redressement du monde arabe», a soutenu le chef de l'Etat dans son allocution à l´ouverture du 17e sommet ordinaire de la Ligue des Etats arabes. S'en prenant aux autorités israéliennes pour leur «frénésie meurtrière (...) et leur refus permanent de se plier aux exigences d´une paix globale, juste et durable», le président Bouteflika affirme que les Arabes ne peuvent avoir d'autre attitude que «de communier intensément avec le peuple palestinien et sa direction dans les épreuves qu´ils traversent». Poursuivant ses critiques sans ménagement de l'Etat hébreu, le président de la République prend à témoin l'opinion internationale qui a cautionné le processus de paix au Proche-Orient «défini par la Feuille de route (et) théoriquement accepté par tous» ; il a souligné que l´initiative de paix arabe, adoptée lors du sommet de la Ligue arabe à Beyrouth, en 2002, «s´est basée sur le principe universel de l'échange de la terre contre la paix, prévoyant ainsi le retrait total d´Israël de tous les territoires palestiniens et arabes occupés après le 4 juin 1967». L´Initiative de Beyrouth a été rejetée par Israël. Cela n'empêche pas le chef de l'Etat d'en faire un document de base pour conclure une paix globale avec l'Etat hébreu. Aussi, préconise-t-il que cette proposition «doit aujourd´hui être puissamment réitérée et renforcée par la création d´un mécanisme politique de haut niveau de mise en oeuvre, de suivi et d´évaluation en vue (...) de la concrétiser dans les meilleurs délais». Ainsi, à travers le discours du chef de l'Etat, l'on comprend que le Sommet d'Alger sera celui de la recherche d'une paix juste, mais pas d'une «normalisation au rabais» avec Israël. Reste à savoir si le choix stratégique de faire la paix suffira à régler le conflit israélo-palestinien.