L'effet du Sommet arabe sur la circulation automobile doit être préservé. Alger aura, au moins, gagné cela. Magique ! Alger aura vécu comme au bon vieux temps. Lorsque ses routes étaient fluides, ses trottoirs nickels, les devantures de ses magasins propres et ses immeubles scintillant de blancheur. Le tout agrémenté d'espaces verdoyants. Des arbres plantés le long de ses artères ! Une image dont seuls des quinquagénaires d'Alger ont souvenir. Le Sommet arabe, pour lequel les autorités ont mis le paquet, a asséné la preuve que les interminables bouchons et l'aspect clochardesque de la ville ne sont pas des fatalités. En un tour de main, Alger a retrouvé l'aspect qui doit être la sien. C'est vrai, des mesures drastiques ont empêché la circulation kafkaïenne. La ville a fermé ses portes à la noria de camions, qui la bouche, de bout en bout, de Boudouaou au pont du Mazafran, du port aux banlieues de la Mitidja. C'est exceptionnel, mais révélateur du principal facteur de la circulation au pas de tortue. Alors, pourquoi ne pas prendre la mesure de n'autoriser la circulation des camions que durant la nuit. Cela se fait dans les grandes villes étrangères et, puisque l'Algérie veut se mettre à leur niveau, autant la prendre, une fois pour toutes. Aux récalcitrants, il suffit de rappeler qu'une capitale ça vit même de nuit. D'ailleurs, les livraisons de marchandises durant la nuit fouetteraient toute une économie noctambule. Ce qui, certainement, contribuera à faire sortir Alger de sa morosité et de sa torpeur, dès lors que 19 heures a sonné. Cinémas, théâtre et, pourquoi pas, cafés-concerts, refleuriront. La demande existe, n'en déplaise aux esprits archaïques. Les multiples travaux, qui embouteillent, peuvent également être fait de nuit, sinon travailler de jour et de nuit pour réduire au maximum les gênes qu'ils occasionnent. N'a-t-il pas fallu le coup de gueule du ministre des Travaux publics pour voir des entreprises accélérer leurs cadences et introduire un peu de rationalité dans leur organisation du travail ? C'est d'autant plus faisable qu'aujourd'hui, tout est affaire de cahiers des charges. Donc, de sanctions. Pour les travaux d'embellissement, pourquoi ne pas les rendre permanents. Les APC, qui ont montré qu'elles pouvaient se dépatouiller et obéir aux injonctions, n'ont plus qu'à considérer les travaux de replâtrage et les opérations d'assainissements comme la tâche qui leur est, prioritairement, dévolue. D'autant que leurs actions ne sont plus parasitées par le casse-tête des attributions de logements et de terrains. La police et la gendarmerie ont démultiplié leurs efforts, c'est une dynamique qu'il ne faut surtout pas relâcher, car la nature à horreur du vide et les vieilles habitudes toujours prêtes à refaire surface. La généralisation des feux de signalisation devrait diminuer, à terme, la charge de travail qui repose sur les épaules de la police routière. Bien sûr, ce n'est pas demain que les points noirs de la circulation seront levés, mais, en attendant la réorganisation des carrefours, les nouvelle trémies, l'ouverture de nouvelles routes et, surtout, la mise en œuvre d'un véritable “plan transport” à Alger, l'effet du Sommet arabe sur la circulation doit être préservé. Alger aura, au moins, gagné cela. D. B.