Evénement majeur à travers lequel on rend hommage au père de l'UGTA, ce 24 février 2017 n'a malheureusement pas échappé à une honteuse improvisation. Tôt, en ce jeudi 23 février 2017, la place Aïssat-Idir, sise au centre du village de Djemaâ Saharidj, dans la commune de Mekla, a été littéralement assiégée par plusieurs citoyens, et ce, pour répondre solennellement à l'appel de l'Union de wilaya UGTA de Tizi Ouzou. Sur les lieux, il faut rappeler que la rénovation de la place et de la stèle Aïssat-Idir est toujours en chantier et les ouvriers communaux n'étaient même pas au courant de la cérémonie, de même que les représentants des comités de village habituellement informés d'un tel événement, qui, cette fois-ci, ont brillé par leur absence. Un membre d'un comité de quartier ira même jusqu'à nous déclarer : "Comme nous n'avons pas été informés, nous ne pouvions pas assurer la gestion de cette commémoration. Que chacun assume ses responsabilités !" De plus, il est à noter qu'aucun membre de la famille du chahid n'était présent sur les lieux de la cérémonie de recueillement. Cela dit, le représentant de l'organisation des fils de chahid, Omar Bacha, a fait une intervention remarquable, notamment en rappelant les actions héroïques du chahid Aïssat Idir face à l'ennemi colonial par l'activité syndicale où il a notamment insisté sur le fait que "l'action d'Aïssat Idir, portant sur une grève de huit jours, a marqué la Révolution et influencé l'intervention de l'ONU ! Les moudjahidine ne sont plus ces ‘barbares assoiffés de sang' comme les qualifiaient les officiels français". Selon le secrétaire de l'Union de wilaya UGTA, Mohamed Tebaa, qui a lu la déclaration de l'UGTA (Union de Tizi Ouzou), "il est regrettable que les autorités locales invitées à cette cérémonie n'aient pas répondu présent, certainement en raison de la visite d'un ministre, et il s'avère que rien n'est préparé pour la commémoration de ce double anniversaire, celui de la création de l'UGTA (1956) et celui de la nationalisation des hydrocarbures (1971)". Et dire que le regretté Aïssat Idir, père du syndicalisme, avait occupé les premières pages de la presse de son vivant et créé de vives préoccupations pour le colonialisme dont les dirigeants ont mis tous les moyens en vue de son élimination parce qu'il avait une envergure internationale. Cependant, l'UGTA, par le biais de ses responsables de wilaya, regrette que la stèle réalisée avec la contribution des villageois et qui devait occuper le centre de la placette, soit érigée dans un coin isolé. L'ancien directeur de la SNLB de Taboukert, Mhend Lemouchi, n'en démord pas. "Je ne remets pas en cause l'architecture. Pour moi, il s'agit d'une délocalisation que cette transformation de la stèle. Ici ont eu lieu diverses rencontres historiques dont la plus ancienne, qui remonte à l'an 1723, qui a réuni tous les villages kabyles pour décider des relations sociales, villageoises et régionales, la dernière remontant à 1963 lors de la création du FFS. La statue d'Aïssat Idir doit reprendre sa place au milieu de cette placette." Le représentant de la région d'Iferhounène, M. Guenaoui, a, lui aussi, dénoncé cette transformation de la place en déclarant, notamment, que "cette stèle érigée à la mémoire du chahid Aïssat Idir, une place publique, ne doit pas se transformer en marché ou en dépotoir". L'intervention d'un jeune médecin d'Ouaguenoun a résumé remarquablement toutes les déclarations de la journée en quelques mots : "Nous sommes réunis là pour parler de la République d'Aïssat Idir, même si nous sommes malheureusement loin d'un tel idéal dans ce pays qui nous est pourtant très cher." Saïd MECHERRI