Résumé : Salim est décidé à mener sa propre enquête pour retrouver sa femme. Il prend un billet et s'envole vers Paris où il pense que Leila a pu faire une première escale. Un vol était prévu vers la mi-journée du lendemain. "À Paris, nous avons des amis, quelques membres de sa famille et de la mienne", se dit-il. Puis il se rend à l'évidence. "Non. Leila est bien trop avisée pour se rendre chez des gens qui nous connaissent et qui risquent de lui reprocher sa conduite ou de me contacter. Elle prendra sûrement une chambre d'hôtel ou logera dans une pension." A priori, la retrouver ne sera pas une mince affaire. L'avion décolle. Salim avait hâte d'atterrir à Paris et d'entamer ses premières recherches. Quand l'appareil frôle le sol de l'aéroport, le jeune homme ne tenait plus en place. Ses bagages récupérés, il prend un taxi pour se rendre tout d'abord chez une cousine à Leila. Surprise de le voir débarquer sans prévenir, cette dernière flaire tout de suite le drame familial. - Je crains que tu ne sois arrivé en retard, Salim, lui dit-elle après l'avoir écouté. Leila était à Paris il y a deux jours. Ma mère l'avait rencontrée chez des amis. Juste une halte apparemment, parce que, quand j'ai voulu la contacter, elle était déjà partie. Où ? Je n'en sais rien. Salim passe la main dans ses cheveux, puis sur son visage. - Je savais qu'elle n'allait pas se rendre chez sa famille. Je voulais juste m'en assurer. Il soupire. - Elle doit avoir quitté Paris à l'heure qu'il est. La cousine fait une moue. - Je ne saurais te le dire. Néanmoins, tu devrais te mettre sans tarder à sa recherche. Quelle folie l'a-t-elle donc prise ? Je te promets une chose : si je vois Leila, j'essayerai de la retenir le plus longtemps chez moi afin que tu puisses la retrouver. Il se faisait tard, et la fatigue se faisait ressentir. Salim prend congé de la cousine, quoique cette dernière, sincèrement touchée par son chagrin, lui proposera l'hospitalité et l'assurera de son soutien dans cette mission rocambolesque. Comme il avait déjà pensé à la réservation d'une chambre dans son hôtel habituel, le jeune homme, qui ne tenait plus sur ses jambes, s'empresse de rejoindre son lieu de résidence. Il prend un bain, puis demande qu'on lui monte un dîner léger, avant de s'allonger sur son lit pour sombrer aussitôt dans un sommeil bienfaiteur. Mais pas pour longtemps. Vers le milieu de la nuit, il est réveillé par des cris et des bruits qui parvenaient d'une pièce au fond du couloir. Un homme, probablement ivre, faisait des siennes et on avait dû faire appel aux agents de sécurité pour mettre fin à ce tapage nocturne qui avait réveillé la plupart des résidents. Salim rabat ses couvertures et s'assoit au bord de son lit. Il prend son paquet de cigarettes et en allume une, avant de se lever pour mettre en marche le téléviseur. Un geste machinal, qui revenait chaque fois qu'il se retrouvait seul. Il se rallonge sur son lit et rejette un nuage de fumée. Son esprit vagabondait. Il y a deux jours, Leila était à Paris. Le premier pas était assez prometteur. Si elle n'a pas encore quitté la capitale française, ses chances de la retrouver sont grandes. Il connaissait très bien ses fréquentations et les lieux où elle aimait rôder. Comme elle ne se doutait pas de sa présence à Paris, elle ne changera certainement pas ses habitudes. Le mégot de cigarette lui brûle les doigts. Il l'écrase dans un cendrier, avant d'en rallumer une autre. Il n'était pas à proprement parler un amateur de tabac, mais dans sa situation il avait besoin d'un stimulant. Il regarde la fumée s'élever au-dessus de sa tête et soupire. Telle cette cigarette, sa vie sans Leila se consumera à petit feu. (À suivre) Y. H.