L'enseignement supérieur n'en finit plus d'être secoué par des actions de protestation estudiantines au niveau de plusieurs départements et instituts, comme constaté hier à Oran. En effet, devant les locaux de l'Institut de maintenance et de sécurité industrielle (ex-IAP), 10 étudiants, en arrêt de cours depuis début février, ont entamé une grève de la faim illimitée "jusqu'à l'obtention de nos droits et revendications", soulignent-ils. Déjà en novembre 2016, cet institut spécialisé avait été paralysé par une grève des étudiants. La justice était intervenue suite à une plainte de l'université pour empêcher le blocage des locaux. Quatre étudiants avaient été condamnés et l'arrêt de la grève ordonné par la justice. Un répit d'un mois et demi, pour se retrouver au même point : à nouveau une grève, le blocage des locaux et des examens. Avec les 10 grévistes de la faim, quelque 1 000 étudiants ont entamé une marche de protestation, en fin de matinée, vers le siège de la wilaya. Pour les protestataires, cette action et cette grève sont une réponse au silence de la tutelle et au refus de dialoguer. "Dans notre pays, quand un étudiant demande ses droits, il est traité comme un criminel, comme un voyou, nous avons des droits légitimes !", lancera un délégué avant de donner le départ de la marche qui aboutira à un sit-in permanent, avec les grévistes de la faim, devant le siège de la wilaya d'Oran. Pour rappel, ces étudiants de l'ex-IAP revendiquent l'autonomie de l'institut et le statut d'institut national, étant le seul à l'échelle nationale à former dans ces spécialités de maintenance et de sécurité industrielle. Leur rattachement à l'université d'Oran 2 (Université des sciences sociales en priorité), il y a deux ans, les pénalise. Qui plus est, sur le marché du travail, ils ne peuvent se faire recruter en dehors de leur wilaya d'origine, ce qui est incongru, estiment-ils, en raison de leurs formations, nécessitant des recrutements en milieu industriel. La question des stages pratiques est aussi l'un des autres points de la plateforme de revendications. Sur un autre campus, c'est à nouveau les étudiants en médecine dentaire qui se manifestent en lançant à l'échelle nationale une grève de la faim illimitée. "Ultime recours parce que les pouvoirs publics ne nous ont pas laissé d'autres choix", explique un délégué des étudiants. À Oran, ils sont donc 18 étudiants, entre filles et garçons, à avoir entamé cette grève de la faim, au niveau de l'ex- Inesm, et comptent bien ne pas quitter les lieux. Approchés, les étudiants expliquent qu'après 3 mois de grève et la non-satisfaction de leurs revendications, ils entendent maintenir leur lutte pour, disent-ils, "défendre nos droits légitimes après avoir sacrifié, en vain, trois mois de notre formation". Les étudiants de médecine dentaire sont même allés jusqu'à placarder des appels à la solidarité au centre-ville d'Oran, expliquant les raisons de leur mouvement de grève. D. LOUKIL