Il est pour le moins paradoxal pour un parti, inscrit à une compétition électorale, d'affirmer que la désaffection des électeurs ne le dérange pas. Si la majorité de l'opinion et de la classe politique appréhende un taux d'abstention historique à l'occasion du scrutin des législatives du 4 mai prochain, cela ne semble pas déranger le chef du Mouvement pour la société de la paix (MSP), Abderrezak Makri. Mieux, il estime que l'abstention ferait l'affaire de son parti. "L'abstention nous arrange. Oui ! Elle pourrait nous arranger en ce sens que nous sommes un parti bien ancré dans la société et présent dans les 48 wilayas et qui peut largement se contenter des voix de ses nombreux militants à l'occasion du scrutin d'un mai prochain", a-t-il, en effet, lâché hier en conférence de presse, non sans s'enorgueillir du fait que le MSP présente des listes pour les législatives dans l'ensemble des circonscriptions électorales y compris les quatre réservés à la communauté algérienne à l'étranger. M. Makri, cela dit, ne s'affiche pas moins enthousiaste quant à la capacité de son parti à convaincre sur son programme dans le cas d'une participation honorable des Algériens à ce scrutin. Le chef du MSP compte aussi sur la qualification et la compétence des candidats de son parti à l'image d'Abdelmadjid Menasra, ancien ministre de l'Industrie et non moins président du Front du changement, (FC), allié électoral du MSP, qui vient d'être choisi tête de liste à Alger. L'autre poids lourd du MSP n'est autre que l'ancien ministre de la Pêche, et du Tourisme et de l'Artisanat, Smaïn Mimoune qui, lui, chapeaute la liste du parti à M'sila. À ceux qui reprochent au MSP de "favoriser" quelques hommes d'affaires dans la confection des listes, M. Makri répond que les hommes d'affaires étoffant certaines listes de son parti outre d'être des militants du parti, restent des hommes d'affaires "propres et intègres". "Nous ne sommes pas contre la présence aux législatives des hommes d'affaires honnêtes ayant acquis proprement et légalement leurs richesses, en revanche nous combattons la chkara et les parvenus dans le monde des affaires qui doivent leur ascension à des pratiques malsaines (...) Ceux-là qui, aujourd'hui, abusent du pouvoir de l'argent", a-t-il expliqué. À la question de savoir pourquoi les partis de l'opposition participant aux législatives ont renoncé, pour certains, à la veille de cette échéance, à leurs discours hostiles au pouvoir, le chef du MSP a été plutôt évasif dans sa réponse. "Au MSP, nous avons toujours dénoncé l'illégitimité du pouvoir et Dieu sait que nous n'avons rien négocié avec ce dernier à l'occasion de ces législatives. Nous sommes des partisans de la transparence et sommes donc foncièrement opposés au principe de corrompre la politique. Car accepter de négocier en catimini avec le pouvoir, c'est cela qui signifie corrompre la politique", s'est-il défendu. Farid Abdeladim