La réouverture de cet espace, qui a eu lieu samedi dernier à Chéraga (Alger), a réuni de nombreuses femmes écrivaines, artistes et artisanes, qui ont tenu à s'exprimer à travers leur écriture et leurs créations. La librairie Point Virgule de Dalila Nedjem, éditrice des éditions Dalimen et commissaire du Fibda (Festival international de la bande dessinée d'Alger), a été rouverte en grande pompe samedi dernier à Chéraga (Alger), en présence du ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, et d'une douzaine de femmes auteurs, artistes et chefs d'entreprise. Pour cette nouvelle ouverture, l'éditrice a tenu a réunir des femmes d'horizons très différents, entre les romancières, comme Maïssa Bey et Leila Hamoutène, les artistes, comme Anissa Benameur, et les éditrices comme Nadia Sebkhi. Dans des expositions de bijoux et de céramique, la création et l'expression féminine étaient à l'honneur. À ce propos, Nedjem nous confiera, en marge de l'inauguration, qu'"à l'occasion du 8 mars, j'ai voulu réunir ces femmes qui créent, qui écrivent, qui apportent un plus à notre patrimoine". Avant d'ajouter : "Elles ont besoin d'être valorisées parce qu'elles ne trouvent pas l'espace adéquat pour pouvoir présenter leurs ouvrages et leurs travaux. J'ai décidé donc aujourd'hui d'inviter des femmes chefs d'entreprise du FCE, des écrivaines, artistes et artisanes afin qu'elles se rencontrent et qu'elles constatent que ce genre d'endroits est indispensable pour une société plus libre qui leur offre le moyen de s'exprimer". Par ailleurs, l'éditrice a souligné vouloir valoriser les auteurs peu ou pas connus du lectorat, en les proposant dans sa librairie : "De nouveaux auteurs seront proposés, car c'est aussi ça le métier de libraire, diffuser l'éditeur et les auteurs et mieux les valoriser." Partagée en plusieurs espaces, entre poésie, littérature, art, histoire, jeunesse, ainsi que plusieurs étals dédiés aux beaux-livres, qui accueillent le lecteur dès l'entrée, cette librairie offre une pléiade d'ouvrages d'auteurs connus, et leurs best-sellers, mais également des œuvres d'écrivains moins connus en arabe, en français et en berbère, à l'instar de Fatiha Chraâ, journaliste, nouvelliste et romancière, présente avec son éditeur Othmane Flici (éditions El-Othmania). Interrogé sur les difficultés rencontrées lors de la publication de nouveaux auteurs, Flici nous déclarera : "Le problème se situe au niveau de tout le secteur, et c'est très difficile de faire connaître les nouveaux auteurs, car il existe un problème de distribution du livre, c'est par rapport aux librairies qui ne sont pas professionnalisées, tandis que les vraies se comptent sur les doigts d'une main, comme Point Virgule, Tiers-Monde ou Kalimat, qui font valoir le livre. Je crois également qu'il y a un réel problème de formation des libraires." Maïssa Bey, présente elle aussi pour une vente-dédicace de ses œuvres, se félicite de cette réouverture, notamment après la fermeture de plusieurs librairies ces dernières années. "Une librairie qui ouvre est un événement ! Car on a tellement entendu parler de celles qui mettent la clé sous la porte et qui deviennent des pizzerias ou des boutiques, ça devient forcément un événement. Ici, on continue à mettre les paroles des femmes, et tout ce qui constitue une société qui est en train d'accepter son évolution, malgré le poids de tout ce qui nous tire en arrière", a-t-elle indiqué. Et de renchérir, à propos de la visibilité de la gent féminine dans des espaces comme celui-ci : "On ne bougera pas de ces espaces que nous avons conquis, quand je pense que dans les années 70-80, beaucoup de choses et de professions étaient interdites aux femmes, tandis qu'aujourd'hui les femmes ont investi tous les domaines." Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a lui aussi tenu à soutenir l'action et l'implication des femmes dans l'espace culturel : "Quand une librairie ouvre, il y a un pas en avant, contre la culture du vide, et Nedjem a donné l'occasion à des éditeurs nationaux de publier leurs livres, aux gens de pouvoir se réunir et débattre, et aussi découvrir de nouveaux talents littéraires." À noter que Point Virgule, qui a ouvert pour la première fois ses portes en 2004, est devenue au fil du temps parmi les librairies incontournables d'Alger, en proposant notamment des ventes-dédicaces, des conférences, des débats et des bandes dessinées. Yasmine Azzouz