L'étude réalisée par l'association nationale pour la promotion de la santé et les aides humanitaires "Green Tea" sur l'immigration clandestine a révélé des informations alarmantes sur l'ampleur de ce phénomène à Tamanrasset. Un rapport bien étoffé a été ainsi dressé, avant-hier, par le président de l'association, Mohamed Guemmama, sous forme d'une diapositive faisant ressortir des milliers de migrants de 16 nationalités différentes qui ont choisi le chemin de l'exode vers cette wilaya-continent pour diverses raisons. Au total, 6 280 rencontres ont été effectuées dans nombre de quartiers à forte concentration de population migrante, et ce, de la période s'étalant du mois d'août 2016 à février 2017. L'étude a ciblé un échantillon de 3 722 migrants qui ont été questionnés individuellement par les relais communautaires de l'association. Ces derniers se sont particulièrement enquis des causes ayant poussé ces migrants à quitter leur pays, mais aussi des facteurs confortant leur choix d'installation. Les statistiques obtenues démontrent que 67% d'entre eux ont été motivés par les opportunités d'emploi offertes à Tamanrasset, 7% ont fui l'insécurité prévalant dans leur pays et 9% ont été chassés par la pauvreté. La stabilité sécuritaire, l'accès facile au marché du travail et la gratuité des soins ont ainsi persuadé 37% des migrants de s'installer illégalement dans cette wilaya du Grand Sud, alors que 63% envisagent de rallier l'Europe. Evoquant leur niveau d'instruction, l'orateur a fait état de seulement 10% d'universitaires qui transitent par Tamanrasset, la majorité ayant un niveau secondaire (56%) et primaire (26%). L'étude présentée devant une assistance composée de représentants de la police, du Croissant-Rouge algérien et de la direction régionale des douanes a montré la prééminence des jeunes Africains âgés de moins de 30 ans (80%) et de moins de 20 ans (16%). La répartition par statut familial fait ressortir 61% de célibataires et 39% de mariés. Cette étude de situation indique également que 68% des migrants séjournent clandestinement chez leurs amis et 22% dans leur famille. En tout, 15 dialectes africains sont parlés par cette population migrante concentrée, faut-il le signaler, à 29% dans la cité Tahaggart, 21% à Boutagui, 17% à Guetaâ El-Oued et 22% à la cité Matnatalat. Revenant sur l'itinéraire choisi pour remonter vers la capitale de l'Ahaggar, le président de Green Tea a fait savoir que 55% des migrants clandestins sont passés par In Guezzam, 7% par Tin Zaouatine, 32% par Timiaouine, 4% par Bordj Badji Mokhtar et 2% par Djanet. Avant de conclure, M. Guemmama a tenu à mettre en exergue les efforts consentis par les membres de l'association qui vient de réaliser un travail exceptionnel permettant de se mettre dans la peau des migrants vivant dans cette collectivité souvent affublée de "Little Africa". RABAH KARECHE