L'accord de l'Opep est fragilisé par les annonces d'augmentation des stocks US, le non-respect des quotas par certains producteurs de brut et le rebond de la production américaine de pétrole de schiste. Les prix du pétrole cèdent du terrain sur fond de préoccupations concernant le respect des engagements pris dans le cadre de l'accord signé le 10 décembre dernier entre pays Opep et pays non-Opep, de l'augmentation de la production du schiste américain, du billet vert, et enfin, de la publication la semaine dernière des stocks de pétrole américain. L'Opep et ses alliés (onze pays qui lui sont extérieurs) n'a cessé de répéter que tout va bien dans le meilleur des mondes. Or, la fédération de Russie dit tout et son contraire, annonçant, il y a quelques jours, qu'elle n'atteindrait son objectif de baisse de 300 000 barils par jour qu'à la fin du mois d'avril. C'est un rendez-vous raté, d'abord pour un acteur de poids sur la scène internationale. Cela est extrêmement démotivant pour tous les autres producteurs concernés par l'accord dont il est question. Saïd Beghoul spécialiste des questions énergétiques, se montre sceptique quant à la capacité des pays Opep et des pays hors Opep à faire évoluer les cours de l'or noir dans une fourchette raisonnable. Il dira que "le deal Opep et non-Opep du 10 décembre dernier n'a pas encore ramené les résultats escomptés". Le prix du baril peine à monter vers les 60 dollars malgré une coupe engagée de 1,8 million barils par jour supportée par l'organisation pétrolière et près de 600 000 barils par jour, par les onze producteurs non-Opep. M. Beghoul estime que la production américaine s'est avérée plus forte. Et d'ajouter que si d'ici juin prochain, fin des premiers six mois du deal, ces rebonds des schistes et de la production américaine se maintiennent et bloquent les prix du baril autour de 50-55 dollars, cela risquera de fragiliser tout consensus sur la reconduction du deal pour six autres mois, du moins pour des pays non-Opep. En cas de non reconduction partielle ou totale du deal, les prix pourraient descendre sous la barre des 50 dollars, voire 45-40 dollars. En tout cas, ils n'en sont pas loin, actuellement. Les cours ont oscillé, de janvier à mars, entre 52 et 54 dollars sur le WTI. Ils ont soudainement reflué près de 48 dollars vendredi dans la soirée. Sur le marché de Londres, ils se sont situés autour de 55-57 dollars, dans cette intervalle, avant de retomber hier à 51 dollars, perdant près de 5 dollars en l'espace d'une semaine. Aux dires de beaucoup, les opérateurs n'avaient pas trop pris en compte la progression des stocks ces derniers temps. L'augmentation des stocks américains a grimpé subitement d'environ 10 à 11 millions de barils la semaine écoulée contre une prévision de seulement 1,5 million de barils, cumulant ainsi pas moins de 35 millions de barils sur les 10 dernières semaines et redonnant aux stocks un nouveau record. Une physionomie particulière des stocks ? Pour Saïd Beghoul, les stocks ont l'habitude de monter sans pour autant générer une chute des prix aussi brutale. Il y a aussi, rappelle-t-il, ce rebond des forages de schiste et l'augmentation de la production américaine à plus de 9 millions de barils par jour. N'oublions pas, poursuit-il, que beaucoup d'autres pays non concernés par le deal Opep et non-Opep continuent à produire de plus en plus, pendant que certains pays, concernés par ce deal, n'ont pas encore atteint le niveau de réduction imposé à l'exemple de l'Iraq qui n'est qu'à 60%, alors que la réduction des non-Opep est à seulement 50%. L'offre mondiale demeure ainsi plus élevée que prévu par le deal en question qui n'a toujours pas pu éponger le surplus sur le marché, estimé à 500 000 barils par jour. Youcef Salami